Scorcese, Leone, Kurosawa…c’est par le cinéma que la passion de la photo s’est imposée à moi. Que de nuits blanches à faire « pause » sur mon magnétoscope pour disséquer chaque plan des films de mes auteurs préférés! J’ai alors découvert le travail des Chefs opérateurs, véritables maîtres de la photographie (Henri Alekan, Christopher Doyle, Janusz Kaminski…). Aujourd’hui je vous propose une rencontre avec Philip Lozano, jeune directeur de la photographie qui va nous parler de son métier et de sa passion pour l’image.
Jean : Salut Philip, parle nous de ton parcours, comment fait-on pour travailler dans le cinéma?
Philip: J’ai commencé à apprendre le métier d’assistant opérateur de prise de vues via la société Panavision (location de matériel de prise de vues cinématographique) qui m’a permis de me former sur le matériel professionnel au contact d’assistants opérateur confirmés. J’ai rapidement eu la chance d’être embauché comme « clapper loader » (2nd assistant camera) sur le tournage d’une production étrangère entre Nice et Monaco, avec Michael Keaton, Michael Caine et Judith Godrech . Suite à ce tournage, j’ai rencontré de plus en plus de 1er assistants caméra et de directeurs de la photo avec qui j’ai commencé à travailler sur divers projets, long métrages, films publicitaires, clips etc… Au fil des tournages, en plus du côté technique j’ai voulu m’impliquer « artistiquement », aussi je me suis tourné naturellement vers le cadre et la lumière et le métier de directeur de la photographie. Fin d’année 2008, grâce à ma bande de démo, j’’ai intégré l’une des plus prestigieuses agences de directeur de la photographie en France, COSMIC. Depuis, je travaille sur des projets de films publicitaires, clips, courts métrages de fictions, avec l’ambition de passer rapidement au long métrage.
http://www.cosmicparis.com/#/philip_lozano
http://www.imdb.com/name/nm1233281/
J: Au fait Philip en quoi consiste le métier de chef opérateur (ou directeur de la photographie)?
P: C’est définir techniquement ce que veut exprimer « artistiquement» un réalisateur. Mettre ses mots en images grâce notamment au choix d’un cadre, d’un placement de caméra, de tel ou tel objectif, de la lumière. Le travail de directeur de la photo est un moyen extraordinaire pour s’immiscer dans l’imaginaire d’un réalisateur! On est en quelque sorte son bras droit, la complémentarité entre ces deux postes est très importante.. La technique,qu’elle soit imperceptible ou spectaculaire, doit toujours mettre en valeur la mise en scène et ne jamais être gratuite. Elle doit servir et souligner un propos, une histoire. N’oublions pas que le plus important aux yeux d’un spectateur reste le film, avec son histoire, ses comédiens.
J: Quelles sont tes influences?
P: Il y en a tellement qu’on pourrait en écrire des pages !
Directeurs de la photographie :
Gordon Willis, Roger Deakins, Robert Elswit, John Toll, Robert Richardson, Conrad Hall, Janusz Kaminski, Philippe Rousselot, Bruno Delbonnel, Wally Pfister, Emmanuel Lubezki, Rodrigo Prieto, Robert Elswit, John Mathieson, Pawel Edelman, Michael Ballhaus, Dion Beebe, Vittorio Storaro, John Seale, Darius Khondji, Chris Mengues, Vilmos Zsigmond, Tak Fujimoto, Tom Stern.
Photographes:
David LaChapelle, Mario Testino, Bruno Aveillan, Jean Baptiste Mondino, Nick Knight et beaucoup d’autres…
J: Comment prépares-tu un tournage ?
P: la réussite d’un tournage passe effectivement par une bonne préparation, via l’élaboration du découpage en collaboration avec le réalisateur à l’aide souvent d’un storyboard. Un soin particulier est porté à certaines séquences plus complexes que les autres. Il faut être le plus précis possible, pouvoir anticiper les divers problèmes liés à ce découpage en fonction des décors et s’assurer de la faisabilité des demandes en fonction des possibilités financières de la production. Cela permettra au réalisateur de se focaliser sur sa direction d’acteur pendant le tournage et moins sur les aspects techniques. La lumière, et au sens plus général, la photo (lumière + cadre), je l’adapte à chaque fois en fonction du projet et des attentes du réal, en fonction de ses références visuelles, de la direction artistique du film, le tout, bien sûr avec ma sensibilité personnelle. Une fois le tournage terminé, j’essaie au maximum de suivre mon travail jusqu’au bout de la chaine de post production, donner mon avis au réalisateur sur les différentes versions de montage. La dernière étape de la post production, l’étalonnage, est également déterminante , car elle permet , outre le fait d’étalonner les différents plans entre eux, de retravailler l’image, de lui donner un style qu’on aurait pas forcément eu le temps de faire à la prise de vue.
J: Ton avis sur l’évolution de l’image numérique et l’utilisation de la video sur les reflex?
P: Je ne suis pas à la base, un grand fan de l’image numérique, aux antipodes de l’image film et de son grain caractéristique, mais il faut reconnaître que le numérique à fait d’énorme progrès et qu’aujourd’hui il existe des caméras qui permettent d’avoir une latitude d’exposition très proche des films 35mm, un « look » se rapprochant de l’esthétique « film », des sensibilités de capteurs de plus en plus performants (800 iso pour l’Alexa de chez Arri) et il est devenu aujourd’hui très agréable de tourner avec des caméras numériques si performantes !
Aussi, il faut se mettre à la place des boites de productions et des économies que le numérique leur permet de réaliser en évitant l’achat de la pellicule, du développement, télé cinéma, copies etc…Le numérique est évidement, dans la mesure où il nous permet d’avoir une esthétique de qualité, l’avenir de la prise de vue !
Quant aux reflex numériques, Canon avec ses différents boitiers comme les 5D, 7D et 1D a permis notamment à beaucoup de films à petits budgets, qui n’auraient jamais vu le jour autrement, de se réaliser avec une qualité d’image rapport qualité/prix, imbattable (et sans doute permis l’essor de jeunes réalisateurs) ! Toutefois, la qualité de ses boitiers numériques n’est pas non plus extraordinaire, la lattitude d’exposition n’est que de l’ordre de 5 diaph, il y a rapidement des problèmes de rolling shutter, etc…Même si on peut faire de belles choses avec ces boitiers, l’image reste quand même « looké vidéo » et peu pratique à l’usage.
J: Tes conseils pour les personnes qui voudraient « se lancer dans le cinéma »
P: Il y a beaucoup de monde qui veut travailler dans le cinéma, la pub, les clips et ce n’est pas évident de percer…seuls les plus motivés y arriveront…
Mais avec la volonté et une bonne motivation tout est possible ! Si je dis ça, c’est que je suis passé par là… Se donner à fond, ne pas compter les heures, et tôt ou tard, on a toujours une chance à saisir !
Que se soit via une école ou en apprenant directement « sur le terrain»…
J: Tes projets ?
P: Pub pour Redbull
Pub pour Cartier
Pub en Thaïllande
Plusieurs projets de long métrage.
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