Il faudra bien s’y faire, le troisième âge arrive en force dans le cinéma. Même les films d’action s’y mettent. Pour preuve, le second volet de la saga « Red » avec les agents secrets à la retraite , incarnés par les plus tout jeunes Helen Mirren, l’infatigable Bruce Willis(l’idole des chauves) et John Malkovich.
Dans un tout autre registre, la Palme d’Or pour « Amour » de Haneke a marqué un véritable tournant. dans le choix d’un sujet spécifique aux séniors.
Sous nos riches latitudes l’âge moyen de la population prend l’ascenseur. Tout le monde vieillit, les papis sont partout; stars du rock(Mick Jagger, Bob Dylan, Neil Young). Vedettes des médias(Claire Chazal, Michel Denisot).
Pour revenir au 7ème art et pour mémoire, on avait même oublié qu’Harrison Ford, l’intrépide Indiana Jones, aligne 71 ans au compteur!
Dans ce contexte, Un acteur qui a fait ses preuves; Dustin Hoffman(75 ans), débute, dirigeant avec brio et talent son tout premier film, « Quartet ».
En voici le sujet, Beecham House maison de repos anglaise, accueille les musiciens à la retraite.
Le hasard veut que trois des membres d’un célèbre quatuor vocal se soient retrouvés là. Il y a le toujours vert et facétieux Wilf(Billy Connolly) et son ami Reggie(Paul Courtenay). Tous deux veillent sur Cissy(Pauline Collins) sombrant gentiment dans la sénilité.
Un jour, le décès d’un résident sonne l’arrivée d’une nouvelle pensionnaire, Jean(Maggie Smith) et pas n’importe qui: la diva du quatuor et ancienne épouse du malheureux Reggie.
Comme la maison de retraite a besoin de sérieux travaux de rénovation, le trio va essayer de convaincre Jean de reformer le quatuor pour un unique gala permettant de récolter des fonds et interpréter un extrait du Rigoletto de Verdi.
On imagine les obstacles qu’il faudra dépasser pour convaincre la réticente diva ayant renoncé de chanter depuis bien longtemps…
Dustin Hoffman a bien fait les choses, par souci de véracité, il a entouré ses acteurs principaux de de véritables musiciens. La réalisation est sobre et nuancée, laissant toute latitude au sujet et à ses interprètes(bouleversante Pauline Collins). Beaucoup d’humour et de véracité. on pense à James Ivory pour la classe british.
Autant le dire tout de suite, ce n’est pas tant le récit que l’alternance entre séquences musicales et les tirades de Wilf qui maintiennent l’attention.
Les liens avec la jeunesse sont tissés avec notamment une scène d’anthologie dans l’échange entre un jeune rappeur venu assister à une des captivantes conférences de Reggie sur Verdi.
On a aussi un joli aperçu des rivalités et autres cabotinages propres au monde de la musique lyrique.
La morale de cette histoire étant que des personnes au crépuscule de leur vie n’ont pas renoncé à vivre. Comme le dit si bien Wilf: « getting old is not for sissies », vieillir c’est pas pour les chochottes, « bien » vieillir avec dignité ça demande beaucoup de courage.
Du côté des bonus, sans être essentiels, ils sont utiles. Casting, genèse du projet, l’expérience de Dustin Hoffman et son insistance à encourager ses acteurs à « être » plutôt que de « jouer ».
Note 8 sur dix.
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