Sur la pochette, un logo: Parental Advisory Explicit Content. Label érodé sur viande jadis chevaline aujourd’hui fatiguée, dépassée. Et puis, les gamins ne savent même pas ce que ça veut dire. Pire: ils se foutent de l’accord parental. Mieux: quoiqu’en disent papa et maman, ils n’achèteront pas le disque. Après avoir longtemps incarné le règne de l’image, Madonna peut-elle encore repousser le spectre du has-been?
On ne va pas, ou peu parler musique, car de toute façon, la madone ne fabrique plus la sienne depuis belle lurette. Elle délègue d’amont en aval une pilule techno-réberbative devenue tradition ésotérique pour génie en kabbale. Au moins, en 2005 avec « Hung up », on comprenait le fondement, le sentiment qui se cachait derrière les intentions de la ciccone: de la nostalgie, un désir de faire renaître (et dépasser?) les 400 millions d’albums vendus par Abba? Son clin d’oeil dans le rétro aux suédois. Eux qui avaient compris, juste avant le lancement du Minitel – on est en 1982 - qu’arrêter en pleine gloire était encore ce qu’il y avait de plus bankable.
Rendez-vous compte, trente ans plus tard, c’est Photoshop que la diva aux cuisses musclées peut remercier. La jeunesse éternelle! Celle que vivent en ce moment les aventureuses Rihanna et Lady Gaga. Pas Britney, elle a déjà eu droit à sa pelle de remerciement en 2007. Depuis, plus rien, mis à part une pente artistique savonneuse qui l’enverra dans le siphon avec l’eau du bain. Non, pour ce nouvel album, Madonna a choisit la pour l’instant inoffensive Nicki Minaj. Si, si vous connaissez! La chanteuse (?) de R’n’B – sans rythme ni blues – aux cheveux roses, piqueuse de première et Twitter-addict! Exemple qui vaut son pesant de cacahuètes, à l’attention de Cher: « Si tu pouvais remonter le temps Cher.. Tu étais là avant, maintenant tu as disparu… ». Croustillant. Cher (n’) avait (que) 13 ans quand Madonna est née. Allez Nicki, on te pardonne. Erreur de jeunesse ou chance du débutant? C’est la madone qui tranchera.
Parce qu’elle tranche tout, avec tout le monde! Y compris les jeunes musclors imberbes qui n’ont pas plus envie d’elle que d’une herbe plus verte, puisqu’en vérité leur patronne leur signe de gros chèques (« Girl gone wild »). Ces toy-boys si chers à son coeur, aucune chance qu’ils ne lui donnent encore des envies incongrues de fraises, mais qu’ils mesurent déjà le privilège de bientôt avoir à les lui sucrer… Parce qu’en 2012 et vingt-huit ans après « Like a virgin », c’est de voir une pré-ménopausée de 53 ans se dandiner comme une pucelle qui frise le sacrilège, une star que l’on pensait immortelle et qui n’est plus en phase avec ses frasques d’antan. « MDNA », contraction pauvrette dans l’air des LOL, PTDR et MDR, est un anti-survie du disque et se vendra à l’aveugle, comme un album dont on n’avait pas besoin, et qui pousse un peu plus le rang d’icône pop vers une hypocrisie mal-voyante. L’amour est aveugle.
Gyslain Lancement
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