Grand Corps Malade il est beau, il est grand, il écrit bien et slame comme personne. Et maintenant il fait des films ?! Est-ce que quelqu’un pourrait me trouver son numéro ? S’il vous plaît ?
Trêve de plaisanterie, parlons de « Patients », le film autobiographique tiré du roman du même nom écrit et réalisé par Grand Corps Malade, Fabien Marsaud de son petit nom.
Patients, c’est la vie de Benjamin, «Ben» pour les intimes. Il a 20 ans, est plutôt mignon et anime une colonie de vacances pendant l’été 1997. Bref, il a toute la vie devant lui.
«La nuit est belle, l’air est chaud et les étoiles nous matent
Pendant qu’on kiffe et qu’on apprécie nos plus belles vacances
La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat’
On est quelques sourires à partager notre insouciance»
Et là c’est le drame. Saut de l’ange dans une piscine pas assez remplie.
Vertèbres déplacées. Rideau. Il se retrouve paraplégique incomplet.
«C’est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi
Pour montrer qu’elle décide et que si elle veut elle nous malmène
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
Souviens-toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes»
Grands Corps malade, Sixième sens, album Midi 20.
On le suit alors dans son nouveau quotidien de «tétra» dans un centre de rééducation. Il va devoir réapprendre à vivre sans être aux commandes de ce corps qui ne répond plus.
Il aurait été très facile de partir dans le pathos dans cette première réalisation mais il n’en est rien. Dans la lignée d’Intouchables, Patients est une ode à la vie et à l’espoir.
On y aperçoit toutes les facettes du monde médical, même parfois le plus dures. A l’exemple de la première phrase du film, brutale, où un médecin découvrant Ben alité dans un couloir s’exclame: «Il est à qui ce tétra ?» ou l’aide soignante, maladroite, qui laisse tomber ses patients une fois sur deux. Car c’est aussi ça la rééducation. On ne prend pas de pincettes. Ça fait mal, on tombe, on essaie de se relever, on baisse les bras, on rit, on pleure, on rêve. Mais surtout on ne s’apitoie pas.
Grâce à ses amis («la crème du handicap» comme il aime les appeler), Ben va se battre pour retrouver les gestes les plus simples du quotidien. Et c’est sacrément beau à voir.
C’est également la première réalisation pour Mehdi Idir, grand ami de Grand Corps Malade, plus habitué aux tournages de clips musicaux qu’aux couloirs d’hôpitaux. Et c’est d’ailleurs dans le même centre de rééducation dans lequel le slameur a effectué sa convalescence que les deux compères ont décidé de tourner afin de garder une certaine authenticité.
Des plans séquences à couper le souffle, des acteurs bouleversants d’authenticité et une bande-son d’une intelligence émotionnelle unique, Patients est une magnifique découverte. Grand Corps Malade se met à nu et nous expose sa vision de la patience.
Pas de clichés, c’est frais, ça fait mal au cœur mais qu’est-ce que ça fait du bien. A découvrir d’urgence.
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