Le palmarès d’Angoulême est tombé dimanche soir passé et je vous en parle donc avec deux jours de retard, mais deux jours nécessaires pour prendre un semblant de recul sur plusieurs choses. Mais tout d’abord, voici le palmarès tel qu’il est :
Fauve d’or du meilleur album : Quai d’Orsay, T2 – Chroniques diplomatiques, de Christophe Blain et Abel Lanzac (Dargaud)
Prix du Public Cultura : Tu mourras moins bête, T2 : Quoi de neuf, docteur Moustache ? , de Marion Montaigne (Ankama)
Fauve Prix Spécial du Jury : Le Nao de Brown, de Glyn Dillon (Akileos)
Fauve de la Série : Aâma, de Frederik Peeters (Gallimard)
Fauve Révélation : Automne, de Jon McNaught (Nobrow)
Fauve Jeunesse : Les légendaires : Origines, T1 : Danaël, de Patrick Sobral et Nadou (Delcourt)
Fauve Patrimoine : Krazy Kat, volume 1 – 1925-1929, de George Herriman (Les Rêveurs)
Fauve Polar : Castilla Drive, d’Anthony Pastor (Actes Sud/L’an 2)
Prix de la bande dessinée alternative : Dopututto Max (Misma)
Grand prix 2013 : Willem
Prix Spécial 40e anniversaire : Akira Toriyama
Premier coup de gueule : Mais qui est donc ce Willem ? Edité chez L’association, Les échappés, Les requins marteaux ou encore Cornélius, l’auteur néerlandais est surtout connu pour ses dessins de presse. Très fin et très drôle, son talent est certain, mais son choix en tant que Grand Prix d’Angoulême 2013 reste étrange et décalé au vu du reste des cinq nominés, faisant figure de monstres sacrés de la bande dessinée mondiale : Alan Moore (Watchmen, V pour vendetta), Akira Toriyama (Dragon Ball, Dr Slump), Katsuhiro Otomo (Akira, Domû) et Chris Ware (Jimmy Corrigan, Quimby the mouse). Rien que ça !!! Et comme l’a dit Trondheim sur Twitter avant-hier : « La majorité de l’Académie atteint son seuil de compétence en élisant le seul auteur connu (excellent néanmoins) par elle. » Toute une polémique s’ensuivit sur le mode de scrutin adopté cette année par la même académie, qui a voulu faire participer les auteurs au vote, mais « peut-être, on ne sait pas trop » et finalement « euh… en fait non. » Un article de BDGest’ résume très bien cette affaire, juste ici.
Deuxième coup de gueule : Pourquoi Les légendaires : Origines a-t-il reçu le Fauve Jeunesse ? Série au succès indéniable auprès des jeunes, force est de constater que Les légendaires n’a jamais rien inventé et rien apporté d’original à la bande dessinée jeunesse, à part être un divertissement qui pompe son intrigue à Detective Conan et à Saint Seiya, tout en y ajoutant des dessins faussement mangaisés aux couleurs agressives (Aïe, ça pique les yeux !). Et là encore, mon incompréhension est à son comble quand on voit les autres albums sélectionnés, parmi lesquels le magnifique La parade des oiseaux, le tendre Paola Crusoé ou encore l’original La mémoire de l’eau (pour ne citer que ces trois). Enfin bon, quand on sait que le jury de ce prix est composé uniquement d’enfants âgés de 8 à 12 ans, on comprend mieux ce choix. Dommage donc, car le sélection de cette année était riche et diversifiée.
Troisième coup de gueule : Mais où sont passés les albums phares de 2012 ? Même si je suis plus (Le Nao de Brown, Krazy Kat) ou moins (Quai d’Orsay, Aâma) d’accord avec le palmarès, je m’étonne de ne pas y voir certains albums qui pour moi sont des incontournables de l’année 2012 : le magnifique et tellement novateur Daytripper de Fabio Moon et Gabriel Bà, le classique mais toujours aussi exceptionnel Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB de Jacques Tardi, l’absurde et philosophique Big Questions d’Anders Nilsen et enfin l’honnête et passionnant Vingt-trois prostitués de Chester Brown. Bien-sûr, tout les goûts sont dans la nature et les récompenses ne sont que des récompenses, mais c’est toujours un peu décevant de ne pas voir certains albums primés, surtout ceux qui vous tiennent beaucoup à coeur.
Unique coup de coeur : Le Nao de Brown a eu un prix : youhou ! Voici une bande dessinée qui m’a vraiment marqué en 2012. L’histoire de cette jeune femme tiraillée entre deux origines, qui essait de vivre normalement, malgré son toc morbide et malsain, est simplement sublime et émotionnelle à souhait. Il me faudrait sûrement un article entier pour en parler avec l’honneur que cet album mérite, mais je m’arrêterai là pour ne rien spoiler. Sachez juste que « chef-d’oeuvre » est le moindre mot pour qualifier ce Nao de Brown.
Et pour finir, voici mon palmarès d’Angoulême 2013 (rhaaa… j’ai pas réussi à mettre toutes les BDs que j’ai aimé) :
Fauve d’or du meilleur album : Le Nao de Brown, de Glyn Dillon (Akileos)
Prix du Public Cultura : Thermae Romae T4, de Mari Yamazaki (Casterman)
Fauve Prix Spécial du Jury : Daytripper, de Fabio Moon et Gabriel Bà (Urban Comics)
Fauve de la Série : Pablo, de Julie Birmant et Clément Oubrerie (Dargaud)
Fauve Révélation : Heureux qui comme, de Nicolas Presl (Atrabile)
Fauve Jeunesse : La parade des oiseaux, de Luke Pearson (Nobrow)
Fauve Patrimoine : Krazy Kat, volume 1 – 1925-1929, de George Herriman (Les Rêveurs)
Fauve Polar : Castilla Drive, d’Anthony Pastor (Actes Sud/L’an 2)
Prix de la bande dessinée alternative : Speedball (Humungus)
Grand prix 2013 : Alan Moore
Prix Spécial 40e anniversaire : Katsuhiro Otomo
Et vous, quels sont vos coups de gueule et vos coups de coeur de ce quarantième festival d’Angoulême ?
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