Article écrit pour le Daily Movie de décembre 2013.
Les blockbusters de l’été, on ne le sait que trop bien, ne sont pas forcément les métrages qui font se déplacer les cinéphiles rêvant de plans contemplatifs sur les ruisseaux en Russie, les fenêtres de Berlin, les monastères d’Italie ou dans les étoiles, appelant à l’évasion et au rêve ! On nous sert plus volontiers des tornades colorées avec autant d’images à la seconde qu’il est possible d’ingérer et le moins de répit concevable pour que notre cerveau puisse les digérer. Ajoutez à cela trois à quatre bonnes poignées de scènes d’actions entremêlées de scatophilie ou autre gags en-dessous de la ceinture et vous obtiendrez la recette idéale du film qui va générer un maximum de pognon tout en ayant ce « subtil » pouvoir débilitant érodant le cerveau d’un public ébahi par tant d’engagement humain et social !!! Il est vrai que la température de cette période estivale aide grandement à l’envie d’ingurgiter des images régressives – comme on dit, si on aime, y a pas d’mal à s’faire du bien ! – mais à force de ressortir les mêmes histoires déguisées et propulsées à différentes époques, on commence à ne plus trop être motivé par le quarante-cinquième film de super-héros de l’année qui est forcément soit un reboot, soit une suite, voire une préquelle, sans oublier les cross-over (pour ne pas devenir difforme et fou, on va éviter d’évoquer les ressorties en 3D…). Bref, on est habitué à manger des mets digérés puis régurgités et réchauffés… et il semble que l’opinion publique ne s’en soucie finalement que très peu et se félicite même de pouvoir débattre de la douzième vague de films de Marvel qui a enfin proposé ses métrages en 5D avec des petits jets d’eau qui aspergent les spectateurs et des odeurs nauséabondes lors de la séquence de la noyade dans la fosse à purin !
Calmons-nous et revenons à nos moutons… ou plutôt à nos robots dans le cas présent. En effet, au milieu d’un tsunami d’idées plus révolutionnaires les unes que les autres, est donc sorti cet été un blockbuster qui, pour une jolie partie de la presse et moi-même, sortait du lot de manière singulière tant sa maîtrise technique et l’aura qui en émanait en mettait plein la vue et le caleçon ! Sorte d’adaptation de l’ultime anime de Hideaki Anno Evangelion, il se nomme Pacific Rim et aura nourri bien des fantasmes avant d’atterrir sur nos écrans ! Confectionné et enfanté par ce grand enfant du cinéma actuel qu’est Guillermo Del Toro – également papa du magistral Le Labyrinthe de Pan -, ce métrage a un pouvoir de séduction certain et surtout une envie de se faire et de faire plaisir contaminante à souhait ! Imaginez que vous soyez un fan inconditionnel du génie récemment décédé, Ray Harryausen et ses fantastiques créations, que les monstres et autres créatures mythiques et mythologiques vous fassent vibrer, que le Japon et ses Godzilla et autres Gamera aient bercé votre enfance. Imaginez que vous ayez déjà oeuvré et fait vos armes sur des métrages aux bestiaires gigantesques comme dans Hellboy 2 et que l’on vous propose 200 millions de dollars que vous pouvez claquer comme vous le voulez pour customiser votre bac à sable géant… voilà les quelques fondations qui tiennent la structure de ce que certains ont malheureusement beaucoup trop vite et facilement réduit à un ersatz de Transformers. Alors oui, on sent bien que certains impératifs commerciaux ont probablement un poil bridé le réalisateur dans sa course à la jouissance et aux moments épiques, mais pour peu que vous soyez vous même fan de robots géants et autres bébêtes belliqueuses ravageant tout sur leur passage, ce film est tout simplement fait pour vous ! Si d’un côté on peut légitimement lui reprocher certains moments plus crétins, patriotiques ou héroïques *testostéronés », je n’ai pu m’empêcher de penser à Starship Troopers premier du nom et aux fessées qu’il administrait au rêve américain et à ses enfants. Au final, premier degré pour crétin d’élevage ou pieds de nez parfois maladroits ? A vous de juger ! De toute façon, je peux vous assurer que la découverte de certaines séquences, notamment le combat dans Hong Kong ainsi que le déploiement de force d’un certain Kaiju (terme désignant les monstres géants – forces de la nature – dans les films japonais) nommé Otachi, saura vous bombarder d’étoiles plein les yeux tant c’est fou et comparable à rien d’autre au niveau coolitude !
Bref, ça tue visuellement parlant jusque dans le moindre détail. Vous n’aurez jamais vu de créatures aussi GIGANTESQUES et c’est fait avec un coeur gros comme ça et un bonheur contaminant indéniable ! Si c’est abrutissant pour certains, c’est complètement voulu et assumé par son auteur ! A mon goût : LE film pop-corn de la décennie !
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