Genre à part dans le paysage du manga sportif, le manga de boxe passionne les Japonais depuis 40 ans et commence à s’établir clairement dans les goûts des lecteurs occidentaux. Édités depuis peu en français, Ashita No Joe et Hajime No Ippo sont les deux séries cultes de ce genre, qui en posent les bases et les sujets principaux : surpassement de soi, violence, volonté, courage et bien-sûr amitié et amour. Plusieurs séries plus récentes, telles Tough, Baki, Nés pour cogner ou encore Free Fight, reprennent ces mêmes thèmes et ont su faire connaître le genre en Europe. Aujourd’hui, une nouvelle série pleine de promesses débarque et s’est immédiatement fait une bonne place dans les étalages saturés, et ce dès la sortie du premier volume. Il s’agit d’Over Bleed, une histoire d’amitié, de souffrance et d’amour-propre.
Toutes les semaines, Kei se fait humilier et bastonner au lycée. Il ne réagit pas et s’écrase devant la force de ces voyous sans scrupules. Il subit et s’use de jour en jour. Et lorsqu’Akira lui dit que la vie n’est synonyme que de souffrance et que de toute façon il faut bien mourir, Kei se dit que le suicide n’est pas une si mauvaise alternative que ça. Quelques temps plus tard, lui et Akira sautent du toit du lycée, les larmes aux yeux et l’esprit enfin léger. Seulement voilà, Kei survit. Accablé par la culpabilité de la mort de son ami, sa vie de martyr reprend de plus belle et la spirale du dégoût de soi reprend vite le pas sur le peu d’amour-propre qui lui restait. Mais tout change, quand il découvre le site Internet Over Bleed, sur lequel est visible la vidéo de leur suicide mi-raté. Il découvre alors d’autres vidéos où un certain Bunen terrasse ses adversaires dans des combats de rue à mort. Cela ne fait alors aucun doute, Kei reconnaît Akira dans les traits de Bunen et décide de se mesurer à lui pour retrouver son ami qu’il croyait disparu. Seul hic : Bunen ne se bat qu’avec des adversaires dignes de lui et Kei n’en ai pas encore là. Il va devoir apprendre et se perfectionner…
Au-delà de l’aspect purement sportif, Over Bleed est une passionnante réflexion sur la culpabilité, la volonté et l’amour-propre. Kei, le personnage principal, ne se bat pas simplement pour se venger ou pour se « débarrasser de la racaille », contrairement à son ami Kôta qui lui recherche avant tout la justice et la renommée. Kei se bat pour se prouver à lui-même qu’il est capable d’être fort, courageux et sans peur, de se respecter lui-même et de ne plus se laisser marcher dessus. Ces motivations louables sont un moteur essentiel à la détermination de Kei, mais le déclic majeur qui lui à fait prendre la décision de se battre est sans aucun doute la culpabilité et l’amitié qu’il éprouve pour son ami qu’il croyait mort. Persuadé que ce fameux Bunen n’est autre qu’Akira, il se lance dans cette longue quête de perfectionnement et de recherche de soi qui, au bout du compte, fera de lui un homme différent, en harmonie avec ce qu’il ressent et avec ce qu’il est. Over Bleed nous propose donc une lecture humaine et en partie psychologique, mais pas seulement. Rassurez-vous, action, violence et suspens sont bien au rendez-vous. Rappelant souvent le trait de Takehiko Inoué (Slam Dunk, Vagabond), le graphisme de Park Jungki donne une dimension hyperréaliste aux scènes de combats, tout en restant parfaitement lisibles.
Bonne surprise de cette fin d’année 2010, Over Bleed est la rare association d’une histoire consistante, d’un graphisme dynamique et d’un divertissement jouissif. Le volume paraît mi-janvier 2011 et j’en connais déjà pas mal qui en salive d’avance. Car après tout, seul Kei est sûr que Bunen est Akira… rien n’est encore sûr.
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