On connaissait Satoshi Kon pour ses extraordinaires films d’animation, tels Perfect Blue, Tokyo Godfathers ou Paprika, mais on ne le connaissait pas comme mangaka. Pourtant il était assistant de Katsuhiro Ôtomo sur le cultissime Akira et signa cinq mangas avant de réaliser son premier film. Dernier en date, Opus est dessiné entre 1995 et 1996, mais ne sera jamais terminé. C’est après la mort prématurée de Kon en 2010, que les éditions françaises Imho acquièrent les droits de traduction de ses mangas et publient enfin Opus… et bientôt Seraphim (écrit avec Mamoru Oshii).
Chikara Nagai arrive enfin à trouver l’acte final de son manga, après plusieurs mois de tâtonnement et de pression éditorial. Seul problème, la superbe planche qu’il vient de réaliser met en scène la mort d’un des personnages principaux, et ça ne plaît pas à ce dernier. Il va donc sortir du manga et la voler ! Chikara va alors, malgré lui, entrer littéralement dans son histoire et partir à la recherche de sa planche. Mais la rencontre avec ses autres personnages et son omnipotence de l’intrigue ne va pas faciliter les choses…
Thème de prédilection de Satoshi Kon, la réalité subjective est au centre du récit d’Opus. Le créateur se retrouve au cœur de sa création et prend conscience de sa responsabilité envers elle. On y assiste aussi à un hommage fabuleux à la fiction et aux fantasmes de l’esprit humain. C’est en se confrontant à cette réalité non-réelle et réelle à la fois que le personnage principal, Chikara, va paradoxalement devenir plus humain et mieux s’encrer en lui-même.
Bien avant sa première réalisation coup-de-poing Perfect Blue, Satoshi Kon était donc tout autant habité par ces obsessions, qu’il mettra ensuite plusieurs films à développer et à explorer, jusqu’à l’ultime et transcendant Paprika.
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