Eté 2008, Lisbonne. La chaleur m’accable et les rues commencent à grouiller d’une faune trop bruyante pour mes oreilles trop habituées au calme suisse. Une enseigne se dresse alors devant moi : livraria. Je m’y engouffre sans plus attendre et au détour des rayons, je découvre Northlanders. La couverture m’interpelle : ses nuances d’orange et de noir, ses guerriers chargeant en négatif et ce titre évocateur et brutal. Je me saisi du volume et parcoure ses pages au graphisme carré et novateur. Les couleurs, là encore, me donnent le tournis, leur maîtrise est impressionnante de simplicité et de variations. Puis après quelques minutes, je le referme et remarque avec bonheur le nom de Brian Wood sur la couverture. Auteur du très réussi DMZ ou encore de Demo, Local et Supermarket, ce dernier est dans mes petits papiers. Ni une, ni deux, je passe à la caisse et me réjouis de trouver une terrasse calme et ombragée pour savourer ce Northlanders plein de promesses.
Puis pendant trois ans, je suis régulièrement les «trade paperbacks (format américain des recueils de comic books) et me demande à chaque achat quand les éditions Panini achèteront la licence de cette série pour enfin la faire découvrir aux francophones. C’est désormais chose faite avec Sven, le revenant, premier volume de Northlanders traduit en français et en vente dans nos contrées depuis la semaine dernière.
Ayant quitté ses îles natales très tôt, Sven a parcouru le monde pour se forger. De combats épiques en conquêtes érotiques, il est devenu un viking accompli. Il décide alors de retourner à l’archipel des Orcades et d’y réclamer son héritage de souverain. Mais il déchante rapidement lorsqu’il apprend que son oncle Gorm, un homme vil et sans scrupules lui à dérobé son trône, ses richesses et ses terres. Fou de rage, Sven va alors mener sa propre guérilla contre son oncle et son organisation. Il va ainsi se retrouver face à un passé qu’il voulait oublier et va devoir se battre jusqu’au bout pour retrouver son honneur.
Aventure rédemptrice, Northlanders nous parle d’amour propre, de fierté et d’humanité. Héros glacial et déterminé, Sven est un guerrier. Blindé aux émotions, tout ce qui compte pour lui est l’aboutissement de sa quête, de ses objectifs. Mais loin d’être antipathique, on s’attache petit à petit à lui, car derrière cette façade se cache un homme comme les autres, qui même s’il sait être fort ne peut annihiler compléter ses sentiments. Brian Wood nous laisse d’ailleurs l’accès aux pensées de Sven et nous donne une double lecture des évènements. On se laisse ainsi prendre dans l’intrigue, désireux de savoir si oui ou non, il vaincra son oncle et comment. Les évènements s’enchaîne, Sven prépare sa vengeance avec stratégie et se laisse survivre seul au milieu de ces landes froides et pauvres en nourriture. Sa rage n’en devient que plus grande, mais il se console avec la certitude que la mort de son oncle n’en sera que plus jouissive. N’oublions pas que nous parlons de vikings, quand même ! Les scènes de combat sont ainsi ahurissantes et contrastent parfaitement avec les dialogues qui sans faire dans la fioriture vont droit au but. Paysages mystiques en pleine page, visages expressifs, combats nets et couleurs sublimes, le graphisme de Northlanders nous plonge dans une ambiance saisissante, qui nous accroche encore plus au récit et aux personnages.
A découvrir sans plus attendre, Northlanders est une saga épique sans pareille dans l’histoire du comics contemporain.
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