Quand Alex de la Iglesia, réalisateur espagnol à qui on doit des chef d’oeuvres gonflés à l’humour noir tels que Le jour de la bête, Perdita Durengo ou Le crime farpait, nous revient la rage au ventre pour parler de son enfance, de son pays et de ses démons, ça fait TRES TRES mal et encore, je pèse mes mots !
C’est sur un ton plutôt glauque, teinté de rires jaunes, qu’il aborde cette période sombre de l’histoire de sa patrie qui ne s’en est toujours pas remise. Sur fond d’Espagne divisée par Franco, jusqu’à sa chute, et même encore actuellement avec une régionalisation très marquée et les différentes langues que sont le catalan, le basque, le galicien et l’aranais, le réalisateur espagnol nous emmène dans une fable familiale sombre et sans issue possible. Le début du métrage nous parle de la fin de la seconde guerre qui fait le bonheur de tous les pays qui retrouvent enfin un peu de répit. Tous ? C’est sans compter sur ce cher Franco dont la dictature résistera de 1939 à 1975…
C’est là que commence l’histoire qui va nous être contée. Dans un climat d’insécurité, de récession et de guerre civile, un clown est recruté de force en plein milieu de son spectacle par les troupes républicaines. Passant des rires aux armes, il va user de la machette qui lui est donnée avec une violence inouïe avant d’être fait prisonnier. Clowns de père en fils depuis des générations, il apprendra à son fils, qui n’a connu que la guerre, la peur et les pleurs, dans une scène par ailleurs magnifique, qu’il ne pourra être qu’un clown triste, guidé par la vengeance. Les années passant et le petit grandissant, Javier de son prénom est engagé dans un cirque sur lequel Sergio, clown auguste alcoolique et à la limite (…) de la folie, impose une présence presque dominatrice. Natalia, une splendide acrobate, amoureuse officielle de Sergio, va être le centre d’une guerre sans merci entre les deux clowns. Et il y aura du sang !
En prenant l’exemple de clowns (qui sont aussi la hantise du réalisateur espagnol) dont le quotidien est de faire rire mais qui eux-mêmes dans leur sphère privée sont plutôt au fond du bac, il nous invite dans un univers sanglant dans lequel on passe de la comédie au film d’horreur parfois glacial à la vitesse de la lumière. Un monde où la violence est le pain quotidien, une espèce de patchwork de moments dérangeants généré par la folie des deux acteurs principaux. Si la mort et les cauchemars éveillés sont au centre de tout, comme régulièrement chez De La Iglesia, ne vous y trompez pas, on passe une heure cinquante de franc bonheur.
Une nouvelle pépite de sa part en somme, enfin… pour tout ceux qui adhèrent à l’auteur en tout cas : )))
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