Neil Young est un bourlingueur. Après avoir fait ses armes à la fin des 60’s au sein de Buffalo Springfield et Crosby, Stills, Nash & Young, notre ami Canadien a changé la face du Rock. Auteur d’albums folk magistraux (« Harvest » en 1972, « On the beach » en 1974, « Tonight’s the night » en 1975 pour ne citer qu’eux…), précurseurs du Grunge (« Rust never sleeps » en 1979″, « Ragged glory » en 1990) et parfois aventureux (« Trans » en 1982, « Everyvody’s rockin' » en 1983), il a aussi influencé nombre d’artistes dont Kurt Cobain (qui le citera dans sa lettre suicidaire) et Eddie Vedder (leader de Pearl Jam avec qui Young publiera l’album « Mirror Ball » en 1995). C’est un artiste mythologique qui aurait sa place si le monde était gouverné par les Dieux du Rock. Pour devenir une légende, il faut avoir du bagou, du vécu, des trucs à se mettre sous la dent. Young n’est plus à un déboire près: maladie, divorce, addictions, épilepsie, dépression… On continue la liste? Neil a des choses à raconter, des anecdotes que même depuis l’au-delà on aurait pu capter tant l’émotion porte chaque album du gourou canadien. Arrivé à 65 berges, plus grand chose à prouver…
Et pourtant, c’est quand il retrouve l’omniprésent producteur Daniel Lanois aux portes d’un vieux manoir glauque de L.A. que les deux hommes ont compris: le prochain disque sera enregistré la-dedans, sans groupe et sans artifice, Neil seul dans ce vide pesant pour un titre sobre et tellement évocateur: « Le Noise ». Une première pour l’artiste aux 35 albums solos, toujours plus ou moins accompagné de son groupe « Crazy Horse ». Un micro,une table de mixage, un ampli, une guitare bien lourde, bien grasse et point d’indigestion. Neil Young, impressionant de charisme, rempli des centaines de mètres carrés au seul son de sa voix haut perché et vous en met plein les frêtes. Toujours inventif, toujours borderline niveau saturation, Neil Young force le respect.
Sur cette pochette aux allures de couloir de la mort (SataNeil vous y attends armé d’une Gibson), « Le Noise » accompagne vos dernières pensées jusqu’aux moiteurs d’un enfer pas si éloigné (« Walk with me »), main dans la main, les yeux dans les yeux, avec l’amour comme seul tempo de riffs au combien incisifs (« Sign of love »), ou vers un horizon sombre et lugubre (« Someone’s going to rescue you »). Et si un jour un cinéaste quelconque décide d’immortaliser Neil Young comme Cobain dans « Last Days » (de Gus Van Zandt), le générique de fin que l’on souhaite le plus tard possible ressemblera à « Love and War ». Un titre également utilisable en cas de « Dead man 2 », quelqu’un a le numéro de Jim Jarmush? A quoi bon être immortel dans cet « Angry world », la route est longue pour cet eternel auto-stoppeur du Rock. « Hitchhicker » vous enroule autour d’un totem et vous embrase à petit feu… Enfin, »Rumblin' » (et ses 15 dernières secondes mortuaires) a le don de vous arracher les derniers organes encore fumants, pour ceux qui crèvent d’impatience de découvrir la tristesse d’une mélodie post-apocalyptique, quand même les yeux ne suffisent plus à pleurer… Amis indiens, cessez de danser, la pluie ne tombera pas. La paire Lanois-Young réussit un grand disque (encore un). Alors, ça vous fait quoi de contempler la fin du monde du haut d’un bûcher? La réponse est dans « Le noise »…
Extraits à écouter ici: Neil Young, « Walk with me » – Neil Young, « Love and war » – Neil Young, « Hitchhiker »
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