Coldplay est un produit. Ce n’est un secret pour personne. Même si, dès les premiers albums, la difficulté du puriste résidait dans l’unique fait d’avouer sa faiblesse pour les mélodies de Chris Martin, la suite va donner raison au Rock et va enfermer le groupe dans une libido platonique qui (hélas), depuis « X&Y » (2005) et son sans-faute chromosomique, remplit des stades. Circonstance atténuante, si on vous dit qu’en 2011 les gros vendeurs n’y sont plus? Radiohead boit la tasse par petites gorgées, les Red Hot s’ankylosent, Lady Gaga a tari la source Madonna… Tous commencent plus ou moins à bouffer le pissenlit par la racine. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on en attendait pas mieux de Coldplay, des mecs polis en adoration devant Justin Timberlake ou U2. On a connu plus Rock… Passer derrière l’appétit gargantuesque de « Viva la Vida » (2008) s’avérait d’entrée insurmontable, et pourtant, à l’époque, les signes de faiblesses pointaient déjà le bout de leur nez. Un nez fin de magicien, en la personne de Brian Eno, auquel le groupe avait fait appel comme producteur de luxe – quand on n’a plus de succès en tant qu’interprète, autant tirer les ficelles des plus « bankables » (syndrome du trader) – pour ce que l’on peut facilement deviner comme une fin de contrat avec EMI. A l’heure du cinquième album, le moule est cassé. Conséquence d’un surrégime mainstream?
Alors oui, fidèle à la tradition, le disque de Coldplay commence bien (« Hurts like heaven »). C’est cher payé. Evidemment, les Cure ont fait bien mieux il y a belle lurette comme titre en « …like heaven », mais passons. Certes, « Paradise » fait joliment traîner ses rimes made in Chris Martin, et squatterait aisément le top 5 du répertoire du groupe si l’entrain du chanteur n’était pas terni par des beats pachydermiques façon Timbaland. « Charlie Brown » transpire le déjà vu même s’il fera sauter les foules, jusqu’à ce duo décrédibilisant avec Rihanna (« Princess of China »), où Coldplay chasse brutalement les derniers sceptiques connaisseurs qui fondaient un espoir sur eux – pour mieux récupérer un public aussi innocent qu’adolescent? Les incursions acoustico-intimistes (« Us against the world », « UFO ») sont à des années lumières de ce vers quoi elles postulaient – en toute modestie, on salue le geste – et la fin s’entrecroise de choses prévisibles et dispensables (« Don’t let it break your heart », « Up with the birds »). A première vue et avec un peu de chance, « Mylo Xyloto » ressemblerait presque à un nom de gouttes nasales. Le résultat qui pénètre nos conduits s’apparente plus à un lubrifiant insignifiant et pseudo-engagé qui confirme une chose: Coldplay à la migraine. Ce « Mylo xyloto » au titre inexplicable et qui se voulait un destin à la « Google », soit le patronyme qui ne signifie rien textuellement mais qui devient incontournable, ne remplit pas les dix commandements des grands albums et on devine couramment que le prochain disque sera un best-of. Malgré tout, une grande partie des badauds achètera « Mylo Xyloto » à l’aveugle et ne verra pas, caché dans l’ombre de ce cinquième essai râté, le bourreau des infirmes qu’est devenu Colplay. Et ce qui ne changera pas non plus, c’est que Coldplay est un groupe que les intellectuels adore(ront) détester. De là à ce que l’on devienne tous des intellos…
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