L’action se situe en Turquie, dans un petit village isolé, c’est le début de l’été, marquant la fin de l’année scolaire. Mais aussi le déchirement de la séparation de Lale(Güneş Nezihe Şensoy) et ses quatre soeurs, d’avec leur professeur bien-aimée, de retour à Istanbul.
Avec un groupe formé d’autres camarades de classe, Les cinq sœurs, décident de rentrer à pied, plutôt qu’avec le bus.
A la plage, tout ce beau monde, s’amuse et joue dans l’eau, deux équipes s’affrontent, représentées chacune par une fille portée sur les épaules d’un garçon.
Un peu plus tard, lorsqu’elles arrivent, à leur domicile, elles apprendront qu’elles sont à l’origine d’un scandale : elles sont accusées de comportement d’obscène; une voisine les aurait vues se frotter l’entre-jambe contre les épaules des garçons…
Leur grand-mère(Nihal Koldas)chargée de veiller à leur éducation- en absence des parents décédés-s’inquiète pour leur respectabilité.
La voisine en profite pour en ajouter une couche, l’accusant d’avoir failli à son rôle éducatif.
Quand à l’oncle Erol(Ayberk Pekcan)patriarche, violent et colérique, il craint pour sa réputation et son honneur.
On enferme donc, les jeunes filles à double tour dans la maison, les affublant de robes informes « aux couleurs de merde », dixit Lale, tout en les privant de sorties.
Dès lors, les cours de cuisine remplacent l’école et meublant l’existence des jeunes femmes, dans l’attente de mariages arrangés. Les jeunes filles, tels des mustangs fougueux ne vont pas se laisser faire, par exemple, elles fuguent pour se rendre à un match de football, malgré l’interdiction de leur oncle. L’ironie du sort, veut que ce match, suite à des violences causées par des supporters, aura lieu qu’en présence d’un public exclusivement féminin, alors que la bande de filles, soudain apparait à l’écran la grand-mère casse les fusibles pour que les hommes attablés autour du poste de télévision ne s’aperçoivent de rien. Elle ira même jusqu’à neutraliser l’alimentation électrique du village.
Pour finir, alors que l’on célèbre les mariages les uns après les autres, Lale profite d’un véhicule pour s’enfuir vers la capitale en compagnie de Nur(Doğa Zeynep Doğuşlu)sa soeur violée à maintes reprises par l’oncle Erol.
Le ton de cette première réalisation franco-germano-turque, de la cinéaste Deniz Gamze Ergüven est donné; militant quant à la situation des femmes. Pour donner une idée, cela rappelle « Virgin Suicides »(1999), de Sofia Coppola, avec cependant un style plus proche de l’improvisation, moins sophistiqué, qui me fait penser au « cinéma vérité », d’un « Polisse »(2013), de Maïwenn.
C’est un des nombreux paradoxes de la Turquie, pays en théorie « laïque », s’il en est, ayant donné le droit de vote aux femmes dans les années 30, soit bien avant la France(!), mais qui voit, avec le régime d’Erdogan et de son parti AKP plébiscité par les urnes en 2003, un retour très fort de la religion dans les institutions du pays.
De fait, le film divise et crée la polémique, « Mustang » est par ailleurs nominé pour les Oscars 2016 pour représenter la France, dans la catégorie « Meilleur film étranger ».
Le dvd est proposé, dans une édition basique, avec pour bonus un entretien avec la réalisatrice, Deniz Gamze Ergüven, ainsi qu’une bande-annonce.
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