Jeudi 18 septembre 2014, Fri-Son : Sleepy Sun (US)
Normalement je n’avais pas l’intention de faire une revue sur le concert de cette soirée, car étant de nocturne cette fois, j’allais de toute manière manquer la première partie emmenée par Widdershins.
Malgré cela je suis tout de même arrivé pour le concert de Sleepy Sun vers 21h30 qui devait nous propulser très haut dans la galaxie. Une mise sur orbite que je me devais de vous faire partager un peu.
Ce groupe pratique un rock psyché, boosté à la sauce californienne à laquelle il est difficile de résister tant leur énergie sur scène est communicative. Ils tirent leur ressources culturelles de diverses influences dont Pink Floyd, Black Sabbath, Neil Young, Spiritualized et naturellement les Beach Boys (normal pour des californiens). Très garage band à leur début, les Sleepy Sun ont su tracer leur route, partageant même l’affiche avec les Arctic Monkeys ou les Black Angels. On pourrait même reporter quelques similitudes avec ces derniers, mais le tournant engagé sur Maui Tears, leur dernier album, plus heavy et cosmique que Spine Hits, les conforte dans un style plus personnel mais toujours éclectique dans lequel ils semblent avoir trouvé leur plénitude.
Californiens, ils le sont bien, il suffit de les voir sur scène semblant avoir troqué leurs planches contre leurs instruments après une session de glisse bien déchainée. D’ailleurs de l’eau est partout dans leur musique, agissant comme un flux et un reflux savamment équilibré portée à des sommets par le son sursaturé du bassiste Hubert Guy émaillé par de magnifiques riffs et solos du guitariste Matt Holliman, retombant à des atmosphères plus calmes enveloppée par la voix suave de Brett Constantino. Dès les premières notes de The Lane, véritable invitation à voyager sans jamais se retourner, on savait que ça allait planer très loin ce soir-là. Il y eu toutefois quelques haltes comme le très beau et suspensif Slow down puis pour en venir finalement au mystérieux joyau, Maui Tears un des plus long titres qu’ils aient écrit, véritable refuge pour l’esprit, peut-être la destination finale de ce périple. Comme dit à la fin de cette chanson:
We dream awake
and make it real
the love we feel
making pictures
in the fabric of forever
Les Sleepy Sun avaient refermé l’espace sur lui-même le temps d’un soir, nous rappelant ce que nous sommes tous, des poussières d’étoiles.
Samedi 20 septembre 2014, La Parenthèse (Nyon) : The Besnard Lakes (CA)
Il y a quelques temps de cela, préparant un retour de disques vers les fournisseurs, un curieux ovni avait apparu au-dessus de la pile… à peine perceptible. Il semblait me dire « Ecoute-moi ! » Intrigué, je passai le CD devant la borne d’écoute et là… le temps s’arrêta. Ayant repris mes esprits, je décidai donc de sauver des eaux cet Until in Excess, Imperceptible UFO part The Besnard Lakes. Le nom du groupe est tiré des lacs de la province du Saskatchewan, près de Montréal, dont ils sont originaires.
Je m’étais promis d’aller les voir dès que l’occasion se présenterait. Là j’avais le choix : Zürich, le 19 au Bogen F, mais j’avais une répétition et une petite course nocturne juste après… et Nyon, le 20 à La Parenthèse, un bar sympathique offrant de temps à autre des concerts gratuits.
Hantée par l’esprit des Beach Boys (surtout leur côté Smile Sessions) leur musique fait se réclame du post rock cosmique et bien psyché évoquant parfois My Bloody Valentine, Fleetwood Mac, Alan Parsons Project ou encore Phil Spector. Vous allez me dire, « psyché, un peu comme Sleepy Sun ? » Oui on pourrait en effet tirer quelques similitudes, d’ailleurs les deux groupes se connaissent bien m’ont-ils confié. Ils jouèrent notamment ensemble lors de quelques concerts en Angleterre.
Cela Shoegaze pas mal avec The Besnard Lakes diffusant un son d’une beauté irréelle appelant à la contemplation, réchauffée par une belle saturation des guitares et de la basse. Souvent de tempos assez lents, ils laissent les climax s’installer naturellement et jamais les passages virtuoses ou les effets ne dénaturent les compositions. Les voix du couple Lacek / Goreas se marient parfaitement aux mûrs sonores qu’ils tissent avec leurs instruments.
C’est dans ce petit caveau plein à craquer que le concert commença. D’abord ils ouvrirent le feu avec And This Is What We Call Progress, venant du troisième album (The Besnard Lakes Are the Roaring Night) très efficace pour atteindre le rythme de croisière dès l’entrée pour enchainer sur le cataclysmique Devastation (oui c’est contemplatif mais cela ne veut pas dire que les textes soient tirés à l’eau de rose), gemme hypnotique du deuxième (The Besnard Lakes Are the Dark Horse) puis vinrent ensuite Light Up The Night, poignant, progressif et flamboyant, Disaster et People of the Sticks aux sonorités très planantes blastées à coup de guitare, marque de fabrique du quatrième album, Until in Excess, Imperceptible UFO.
D’ailleurs, pourquoi ce nom ? Après un concert à Paris, leur manager envoya la copie traduite du français par les soins du Google Translate, d’une revue écrite pour l’occasion. Cet outil ayant un sens absolument inné de la logique linguistique avait balancé littéralement : « Besnard Lakes create this atmosphere of whatever… until in excess, imperceptible UFO » (interview dans thequietus.com). Ce qui évidemment ne veut absolument rien dire… sacré google… Mais bon, Jace Lasek trouva cela tellement cool et incompréhensible qu’il décida plus tard d’en faire le titre de leur nouvel album. Des fois cela ne tient à rien, et puis c’était l’occasion de changer le trip du « … Are the… ».
De beaux titres vinrent encore durant ce concert, l’énergique et explosif Glass Printer, le crépusculaire mais exaltant Colour Yr Lights In, suivit de And You Lied To Me sur fond de double vie, agrémenté d’un très beau break final. En guise de dernier feu d’artifice, apparurent deux objets volants, Albatross et Alamogordo véritable comète sonore laissant derrière elle une longue traine lumineuse. L’ovni s’en alla et le temps repris son cour, nous laissant songeur du rêve que nous venions de faire.
Dimanche 21 septembre 2014, Fri-son : Lymbyc Systym (US) et This Will Destroy You (US)
Retour à Fribourg pour cette dernière soirée musicale du week-end s’annonçant comme un choc musical avec le retour de This Will Destroy You dans cette salle qu’ils aiment tant et dont ils ont confié qu’ils ne rataient jamais une occasion de venir y jouer (sauf erreur la quatrième fois).
Mais d’abord c’était aux deux frères Jared et Michael Bell, formant les Lymbyc Systym de donner une touche plutôt upbeat en ouverture, mélangeant musique électronique et post rock. Ils présentèrent des titres comme Falconer en ouverture, Processed Spirit, Prairie School, Bedroom Anthem et Downtime, entrecoupés par de nouvelles compositions n’ayant pas encore reçu de titre. Les claviers bien exploités, aux mélodies raffinées appuyés par une superbe section rythmique donnèrent un bel aperçu de leur savoir-faire, donnant à cette première partie un côté très esthétique et inattendu.
L’association de cette musique extravertie et positive avec le cataclysme sonore de This Will Destroy You poussant à l’introspection, avait de quoi surprendre un peu. Pourtant les deux formations se connaissent très bien, partagent en fait leur tournée de septembre et ont même enregistré ensemble l’EP splité Field Studies. D’ailleurs pour la fin de la première partie ils se retrouvèrent ensemble pour deux titres, Falling Together et Narita ce dernier venant justement de l’EP en question, permettant ainsi une belle transition à ce qui allait suivre.
Le moment était venu pour TWDY de relancer les hostilités. Dustism, provenant de leur nouvel album Another Language, fit office de portail d’entrée, très caractéristique de l’immense amplitude sonore composant leur musique où la gestion de la tension et de la détente est primordiale passant de fragments mélodiques très méditatifs à de grands mûrs de guitares souvent over-sursaturés, véritable effets blast attendus comme le messie, entrecoupés par de très beaux interludes. Vint ensuite le très lumineux I Believe In Your Victory recelant une très belle section finale, épilogue suspensif émaillé de la section rythmique se faisant tumulte du sommet central. L’atmosphère devint plus introspective avec Burial On The Presidio Banks, longue procession vers un blast annoncé et inéluctable. On partit très loin dans Invitation, autre gemme du nouvel album, très hypnotique et survoltée. Suivirent There Are Some Remedies Worse Than The Disease de Young Mountain, A Three Legged Workhorse, du premier, War Prayer et sa rythmique obstinée, le très doomgaze et halluciné Black Dunes, extrait de Tunnel Blanket. On revint à un esprit plus contemplatif dans Villa Del Refugio, gardant toutefois en intensité, avant de s’élever vers le lumineux Threads.
Comme pour terminer, il faut commencer parfois par le début, ce fut le rôle de l’atomique New Topia, premier titre d’Another Language, suivit de Quiet, ouverture de Young Mountain, (pas si quiet que ça d’ailleurs) d’écrire le titre fin à ce festin sonique qui venait de transcender cette soirée. Nul doute que nous serons au rendez-vous pour le prochain passage.
Un grand merci à Kevin Laing, Jared Bell et Chris King de m’avoir donné si gentiment les setlists de leur concert.
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