POSONS LE CADRE, UN PEU D’HISTOIRE: CE NE SONT PAS LES ANGLAIS QUI ONT INVENTE LE PUNK!
Au début des années 70 la scène musicale à New York voit l’explosion musicale de groupes aux styles très variés; il y a les Ramones, avec leur coupe au bol, jeans et perfecto et leurs morceaux énergiques ultra-courts, mais aussi Blondie et sa chanteuse Debbie Harry, à la pop 60’s acidulée, ou encore les Talking Heads, plus intellectuels et pour finir Television, le groupe de Tom Verlaine(et au tout début Richard Hell, qui partira fonder les Voidoids), ce dernier, avec sa coupe « pétard » étant le 1er à porter des t-shirts déchirés, rapiécés avec des épingles à nourrice…L’inventeur donc, du look punk, trois ans avant les Sex Pistols!
Tous rejettent les codes du rock progressif ou lourd qui dominent ce que l’on qualifie alors de « rock music », à savoir longs solos interminables, concepts albums boursoufflés et virtuosité vaine. Les groupes new-yorkais produisent leurs propres enregistrements et compensent leur manque de technique par des tonnes d’énergie.
l’influence du Velvet Underground et très forte ainsi que la redécouverte du « garage 60’s » via la compilation « Nuggets » de Lenny Kaye(qui d’ailleurs accompagnera Patti Smith, poétesse et autre figure instigatrice du mouvement punk).
Le lieu de ralliement de tous ces parias qui dérangent, seule scène les tolérant, le « CBGB », minable restaurant, avec sa minuscule scène, à côté des toilettes accueille ces groupes.
Le bruit se répand et très vite des visiteurs de choix comme Andy Warhol, Lou Reed et David Bowie viennent voir ce qui s’y passe.
ET TELEVISION DANS TOUT CA?
Tout d’abord ils contredisent certains des postulats du punk: ils savent jouer et le duo Tom Verlaine/Richard Lloyd tricote des solos de guitare qui peuvent se prolonger au delà des deux minutes du format pop. Par contre, leur style brise les clichés du « guitar hero », tordant le cou aux phrasés blues. L’inspiration venant plutôt du jazz(Coltrane), de la musique indienne(raggas), mais aussi de la surf music(Ventures) ou du garage(reprises de « Psychotic Reaction » et « Fire Engine »).
D’autre part, Television, rompt la séparation arbitraire des rôles « rythmique » et « soliste », privilégiant un jeu de questions réponses dans le jeu de guitares.
La presse, quand à elle, les compare à Neil Young ou encore John Cipollina(Quicksilver Messenger service), voire Jerry Garcia(Grateful Dead).
Lorsque Television tournera en Angleterre, surgira la comparaison avec Richard Thompson(Fairport Convention), que Verlaine et Lloyd découvrent alors…
Television sans faire exprès pose les bases de ce qui va devenir la guitare « new-wave »(les mauvaises langues disent que les Talking Heads leur ont tout piqué!).
Sur cette marque de fabrique qu’est le dialogue des deux guitares, vient se poser le chant étranglé de Tom Verlaine, dont le lyrisme poétique est proche de celui de Patti Smith, en moins scandé.
Après un maxi deux titres « Little Johnny Jewel », Le groupe publie son chef-d’œuvre: « Marquee Moon » en 1977, contenant le morceau titre mais aussi « See no evil » et « Friction ». Malgré des qualités similaires, le suivant « Adventure » en 1978, est un échec, dès lors, Tom Verlaine poursuit une carrière solo discrète mais assez fructueuse.
En 1991, le groupe se rassemble pour un 3ème album simplement intitulé « Television », le style est intact, il a gagné en maturité, avec des accents « surf » et musique de film d’espionnage, plus marqués voire des ambiances torturées à la Sonic Youth(« Rocket »).
Depuis, Television s’est reformé ponctuellement en 2001 pour le Festival « All Tomorrow Parties », 2006 et 2014.
Richard Lloyd a quitté le groupe en 2006 pour raisons de santé, il est remplacé depuis par Jimmy Rip, un guitariste ayant longtemps joué aux côtés de Tom Verlaine. Le groupe est en tournée mondiale et un nouveau disque de Television devrait paraître d’ici à 2015…Ce qui nous amène au point suivant:
LE CONCERT, DIMANCHE 8 JUIN AUX DOCKS, LAUSANNE:
Voilà une occasion totalement inespérée de voir ce groupe légendaire, chez-nous, dans la magnifique salle des Docks, un rectangle aux dimensions idéales permettant d’accueillir 800 personnes. Malgré la notoriété du groupe et le côté unique de l’événement, un gig, loin d’être sold-out, suivi par un public essentiellement composé d’anciens fans quadra et quinquas qui ont fait le déplacement, malgré la lourdeur estivale qui plombe l’air.
Les choses démarrent en duo(batterie/guitare) avec Kassette, le groupe de Laure Betris, Fribourg, une mise en train énergique entre Ana Calvi et le post grunge, pas mal du tout!
Pour Television, le scepticisme était de mise, avec un Tom Verlaine un peu hagard et dont le chant-on le sait-peut manquer de précision en live, a cela s’ajoutait la déception, pour ma part, d’apprendre l’absence de Richard Lloyd.
Heureusement, la voix de Tom Verlaine était au beau fixe et Jimmy Rip, avec une belle énergie(et un son tranchant de Telecaster) jouait parfaitement son rôle de side-man en poussant Verlaine dans ses retranchements. Seul bémol, des phrasés à la couleur plus traditionnelle que ceux de Richard Lloyd.
Donc, à part quelques flottements entre les morceaux le set fut royal puisant dans les trois albums de la formation avec en prime une paire de nouveaux morceaux assez magiques, notamment une ballade en rappel pendant laquelle on entendait littéralement les mouches voler.
Vivement ce nouvel album donc!
Commentaire(s)
Effectivement, c’est toujours une galère pour obtenir le cadrage désiré lors de la prise de la photo, y compris sur les bornes automatiques dispos en magasin!