Ce samedi-là pour les amateurs de musique, il y avait l’embarras du choix à Fribourg. D’un côté la place de la pisciculture transformée spécialement pour accueillir le temps d’une soirée la 5ème édition du Goulag, petit festival open-air entièrement dédié aux artistes suisses. A cette époque de l’année, il n’est évidemment pas conseillé de venir en tongs et t-shirt, même si on est presque totalement immunisé du froid à Fribourg… mais pas de la grippe…
De l’autre, l’évènement que tous mes collègues du disque et moi-même attendions, piaffant d’impatience d’assister enfin au concert d’EZ3kiel à Fri-Son à l’occasion de son Lux Tour. A cet effet, spacesuit et pastilles d’iode (ça va, on en a tous par ici) sont vivement conseillées sous peine de se faire taillader à coup de laser ou de simplement de mourir irradié dans d’atroces souffrances. En effet nous n’allions pas tarder à avoir une nouvelle définition du jour en pleine nuit.
Je profitai donc avant leur concert qui ne devait pas commencer avant 21h30, de faire une petite descente à ce sympathique festival qui devait pour l’occasion recevoir les rockeurs indigènes de Tar Queen, suivis des fatales punkettes genevoises, The Chikitas. Plus tard dans la soirée, les bernois de We Love Machines devaient transformer la place en électro-drome avant de finir avec une séance de ukulélé façon Hawaii Ho’Okanaka Juke Box.
Quand je parlais dans la preview de rock qui tache, je ne croyais pas si bien dire. D’entrée les musiciens de Tar Queen annoncent la couleur avec Fangs une nouvelle chanson pas encore enregistrée, se lançant dans une démonstration de lancer de goudron (goudron royal !) à gros coup de riffs. Puis ils enchainent sur leur dernier album Continuum avec E.G.O. pour partir sur No Limousine No Chardonnay But a Black Suit. Les chorus de guitares sont absolument magnifiques et ne s’éternisent jamais dans la complaisance. C’est autour de Pork’ N Porn qui ouvre l’album et son intro incroyable, disto à fond, réverbérant avec fracas. La voix de Mitch Jungo perce la structure de part en part, rejointe de temps à autre par celle Michel Cotting, et sait se rendre suave à la Eddie Vedder dans des épisodes plus posés et planants de Birds of Misforturne qui se construit petit à petit pour aboutir à un splendide mur sonore à l’instar de Sam’s Gritt Affair semblant partir sur une petite balade rock mais ne tardant pas à se déchainer en un chorus gigantesque.
Ne pouvant s’arrêter en si bon chemin ils offrent ensuite un petit Hasty Kisses and Glass of Wine avant de partir pour un roadmovie dans Slide O’Catfish. Jean-Marc Wenger, à la batterie tient l’ensemble de façon magistrale et implacable (même avec les doigts gelés), maniant l’art du fill avec brio, appuyé à la basse avec férocité par Ott Maradan.
Après avoir présenté une nouvelle chanson qui n’a pas encore de titre pour l’instant visiblement, les musiciens en terminent avec un Blootooth bien pressuré à souhait et un puissant et planant Continuum à dresser les poils sur le torse. Un ami me demanda : « Ils viennent de Fribourg, eux? Je ne savais pas que l’on avait ça ici ». Oui on a ça et on en est vraiment très fier.
Vient alors le moment de la traditionnelle séquence punk et cette année c’est aux sulfureuses Chikitas de montrer leur art dans ce domaine et de porter le public au point d’ébullition. Leur trip sur scène est simplement de cracher leur révolte à la face dans une tempête rock n’roll allumée au grunge bien tranchant. Elles démarrent donc en trombe avec le désormais célèbre LaLaLaLa qui ouvre aussi leur album Distoris Clitortion dont l’irrévérence des textes n’a d’égale que la contrepèterie du titre. Sentant un léger frisson monter en moi, me rappelant l’autre évènement auquel je veux assister, je dois me résoudre à prendre la clé des champs (ça reste un goulag). Mais peut-être ai-je de cette façon échappé à un Poultrygeist massif… ce qui arrive parfois avec ces deux-là et vu la clameur du public, cela semblait bien parti. Sorry Chiks, maybe for a next time…
La suite étant tout aussi corsée, cette revue a été divisée en deux pour que cela soit un peu plus digeste. Rendez-vous donc à l’étape 2 pour le concert d’EZ3kiel à Fri-Son.
Sites :
http://www.tarqueen.com/
http://thechikitas.com/
http://welovemachines.tumblr.com/
http://www.goulag.ch/
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