2010 fut une année très prolixe pour la production musicale. En effet, paradoxalement, plus le marché du disque semble sombrer, plus nombreux sont les disques de grande qualité à sortir… Est-ce dû à la démocratisation de la production (home studio et autres) ? À la recrudescence des labels indépendants ? À l’immense diffusion qu’assure Internet ? Finalement peu importe, ce qui compte le plus c’est que votre serviteur ait eu beaucoup de mal à ne choisir que dix disques parmi tous ceux qui, selon ses oreilles, auraient leur place dans ce classement. Puisse 2011 continuer dans cet élan de créativité !!!
Andreya Triana – Lost Where I Belong (Ninja Tune)
Andreya Triana est pour moi la révélation de cette année 2010. Après avoir prêté sa douce et délicate voix au producteur Bonobo, puis avoir écumé les routes d’Europe à ses côtés, elle nous propose ici un album tout en légèreté. Tout au long de celui-ci, son timbre caresse de belles mélodies pop, arrangées avec brio dans une ambiance acoustique des plus chaleureuses. Peu d’albums ont le pouvoir de faire percer le soleil à travers la brume, celui-ci en fait partie !
Bonobo – Black Sands (Ninja Tune)
Black Sands est le 4ème opus studio du producteur londonien et celui-ci ne fait que confirmer l’étendue de son talent. Conçu entre sampling, boîte à rythme et instruments réels, c’est un véritable voyage à travers différentes techniques de productions auquel Bonobo nous convie. Vous pourrez vous laisser séduire par des rythmiques d’une intensité ravageuse, des basses étourdissantes et des harmonies hypnotiques qui vous emmèneront loin, très loin !
Dhafer Youssef – Abu Nawas Rhapsody (Universal)
Après avoir été séduit par les bidouillages électroniques venus de Scandinavie, le chanteur et joueur de oud tunisien a préféré l’ambiance tamisée d’un quartet totalement acoustique pour rendre hommage au poète soufi Abu Nawas. C’est donc entouré de jeunes musiciens parmi les plus talentueux de leur génération que le maître nous raconte ici une histoire qui touche le plus profond de notre âme dans un frisson de plaisir !
Flying Lotus – Cosmogramma (Warp)
Pour la petite anecdote, Flying Lotus -Steven Ellis de son vrai nom- est le neveu d’Alicia Coltrane qui n’est autre que la femme du défunt John Coltrane. C’est donc à l’image d’un grand maître que le producteur conçoit ses nappes sonores complètement irréelles. En effet, le dernier opus du neveu prodigue est une arme de destruction massive qui rendra complètement dingue quiconque y aventurera ses oreilles !
Four Tet – There Is Love In You (Domino)
Produire de la musique électronique aujourd’hui est quelque chose qui, à priori, est à la portée de n’importe qui possède un ordinateur et un minimum de sens musical. Le dernier Four Tet nous démontre à quel point ceci est faux. En effet, le producteur nous livre ici un disque dont la recherche et le traitement des détails sont à un point tel que l’auditeur, écoute après écoute, s’étonnera de toujours entendre un album différent !
Gil Scott-Heron – I’m New Here (XL)
Qui aurait cru au retour du grand Gil Scott-Heron après sa chute inexorable dont son incarcération sera le paroxysme ? C’était sans compter la détermination du patron de XL Recordings, Richard Russel, qui était bien déterminé à montrer au monde que Gil Scott-Heron n’avait pas fini de nous enchanter avec sa voix d’outre-tombe. C’est donc dans une ambiance intimiste, presque en tête-à-tête, que le poète nous raconte ses histoires envoûtantes et mystiques !
Jaga Jazzist – One-Armed Bandit (Ninja Tune)
Pour son retour en studio, la formation norvégienne nous a concocté une musique qui nous laisse complètement pantois. Cela fait en effet déjà un certain temps que le tentet nous avait habitué à son mélange de jazz et de musique électronique mais, avec One-Armed Bandit, les Jaga Jazzist créent une musique au-delà des mots. Une seule chose arrive encore à l’esprit après l’écoute de ce disque: le grand Zappa a enfin trouvé de dignes successeurs !
Massive Attack – Heligoland (Virgin)
Après une absence en studio de plus de sept ans, autant dire que le dernier album des pionniers du trip hop était attendu comme le Saint Graal par nombre de leurs adeptes. C’est sous forme de retour aux sources que le combo de Bristol a décidé de construire ce nouvel album. Et après l’avoir écouté en boucle pendant des mois, on se dit que les sources de Massive Attack sont des sources de jouvence !
Nik Bärtsch’s Ronin – Lyrìa (ECM)
Le pianiste zurichois définit sa musique comme étant du « Ritual Groove » ou encore du « Zen Funk ». Basée sur des séquences mélodiques et rythmiques s’imbriquant les unes dans les autres, c’est une véritable transe que se groupe développe pour nous. Avec ce nouvel album, il ne vous suffit que d’un bon canapé et d’un casque audio pour vous laisser emporter dans l’hypnose la plus profonde !
Trentemøller – Into The Great Wide Yonder (In My Room)
Le producteur danois était déjà un demi dieu dans le monde de la musique électronique avant la sortie de son dernier album. Celui-ci, ainsi que les prestations live qui ont suivi sa sortie, ne font que le hisser au sommet de l’Olympe ! L’ajout d’instruments acoustiques à ses productions chirurgicales a en effet donné vie et âme à une musique qui fleurait déjà la perfection !
Laisser un commentaire