Parmi la dizaine de titres qui viennent d’être réédités chez Urban Comics, à l’occasion de la sortie du film Man of Steel aujourd’hui, je vous propose une petite sélection de trois récits complets de Superman (un par jour), parfaite introduction au vaste univers du plus grand des super-héros.
Et nous finissons aujourd’hui avec All-Star Superman. Conceptualisée par le duo Grant Morrison/Frank Quitely (We3, Flex Mentalo), cette minisérie datant de 2006-2008 retrace la mort imminente de Superman et sa réaction vis-à-vis d’elle.
A la suite d’un sauvetage in extremis aux abords du Soleil, les cellules de Superman sont bombardées d’énergie brute. Elles n’arrivent pas à assimiler entièrement cette énergie et commencent à se consumer. Superman est condamné. Mais avant d’annoncer la nouvelle au monde, douze épreuves l’attendent. Il sauvera Kandor, il créera la vie, il vaincra Solaris, il arrêtera le Chronovore, il sauvera la Terre de la Bizarro-Planète, il répondra à la question sans réponse, créera le Super-Elixir pour Lois… Mais battra-t-il la mort ?
Série au succès impressionnant, All-Star Superman est considéré comme un des meilleurs graphic novels de Superman (si ce n’est le meilleur), et ce seulement sept ans après sa création. Autant public (vente records) que critique (trois Eisner Awards de la meilleure série, en trois ans d’affilés), l’intrigue imaginée par l’excellent écossais Grant Morrison doit sa renommée à sa capacité exceptionnelle de résumer à elle seule toute la complexité et la vastitude du personnage. Elle le redéfinit même, puisque par douze fois, Superman sera amené à se remettre en question et à se surpasser, mentalement et physiquement. Sa mort imminente le met face aux faits que, malgré sa carrière flamboyante, plusieurs choses restent toujours sans conclusion et se doivent d’être réglées. Et c’est ce qu’il s’empressera de faire, afin de laisser à sa planète d’adoption un héritage digne de lui.
Morrison se sert de la mort comme excuse pour mettre en lumière la beauté humaine de Superman, car chaque épreuve qu’il passe avec succès peut être vue comme une métaphore pour les épreuves quotidiennes que doit traverser chacun d’entre-nous. Prouver notre amour à ceux qu’on aime, vaincre son côté sombre, préparer son avenir, etc. Superman se fait alors l’alter-ego de l’humain lambda. Et le fait qu’il réalise des choses si grandioses (qui à son échelle ne le sont pas vraiment) peut être vu comme un message d’espoir et d’encouragement. Si Superman peut le faire, pourquoi pas nous ? La mort imminente et à chaque chapitre présente joue un rôle temporel primordial, en rappelant à Superman que même s’il a pu se croire immortel, le temps lui est désormais compté et qu’il doit redoubler d’effort. Morrison fait donc de Superman un personnage qui, au fil des épreuves, va sans cesse se redéfinir pour accomplir l’œuvre d’une vie… juste avant sa mort. La portée philosophique d’All-Star Superman est donc son principal moteur et ne dément pas les obsessions de son auteur, toujours en quête de compréhension et d’évolution psychique.
Servi par le graphisme si original de Quitely, All-Star Superman se dénote aussi (comme les autres œuvres de Quitely) du reste de la production par la folie précise et dynamique de son trait. Mélange entre couleurs criardes et finesse, on y retrouve l’influence de Geoff Darrow, mais avec le charme supplémentaire d’une naïveté certaine.
All-Star Superman mérite donc amplement son statut de quasi-meilleur comic book de Superman et mérite même plusieurs lectures pour en saisir toute la densité et la portée.
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