Peut-on faire du rock ‘n roll tout en chantant dans la langue de Voltaire sans avoir l’air ridicule?
La réponse est oui et Mama Rosin nous le prouve allégrement avec « Bye Bye Bayou », leur nouvel album.
Bien qu’en provenance des rives du Léman, ces garçons ont trouvé-il y a quelques années-la tangente permettant d’accomplir cet exploit en toute légitimité.
La révélation, leur épiphanie, ils la doivent à la découverte du style cajun*/ zydeco*.
Cet idiome musical aux lointaines origines françaises venu d’Acadie puis de la Louisiane (capitale, la Nouvelle Orleans, berceau avec Memphis de notre bruit rythmé adoré).
Mais nous vous y trompez pas, loin de traiter cette musique en puristes, Mama Rosin, malaxent et pétrissent ce matériau en le soumettant aux influences conjuguées du Velvet Underground, de Jonathan Richman, 22-Pistepikko ou Alan Vega. Le trio genevois connait ses classiques sur le bout des doigts.
Prenez le mélodéon(petit accordeon ), instrument traditionnel, il est passé dans un ampli guitare, ce qui donne un son distordu similaire à celui obtenu par les harmonicistes du Chicago blues.
C’est certainement cette démarche qui a du interpeller Jon Spencer, lui qui est passé maître du concassage du blues et du funk.
Au point-tenez-vous bien -de leur proposer de produire ce nouvel opus, « Bye Bye Bayou ».
Avec cet album Mama Rosin est passé dans la catégorie des grands, là, il faut le souligner.
Bien sur, cela ne s’est pas fait tout seul, le groupe genevois a du faire ses preuves dans le feu de l’action en ouvrant pour Blues Explosion pendant toute leur tournée, au terme de laquelle le respect réciproque était acquis.
Venons-en donc à l’album, fruit d’un séjour intense passé à New York. C’est une claque musicale!
Le son est énorme et les morceaux s’enchaînent avec force et diversité.
L’influence de Jon Spencer est marquée sur « Sorry ti monde », carambolage entre les univers des deux groupes ou également « Mama Don’t ».
Ailleurs, cela se partage entre des titres festifs combat cajun comme « Cassé mes objets » ou « Wivenhoe » et plus intéressants encore, des titres accrocheurs aux influences nouvelles, je pense à « Marilou »(les joies d’être parent)et ses choeurs doo-woop, ou « seco e molhado » récit d’un séjour au Brésil à l’ambiance moite style Gun Club.
Ajoutons à cela un petit clin d’œil à l’exotica et un de ses grands compositeurs phare avec » Où est passé Arthur Lyman? »
Que dire encore, sinon que Mama Rosin est bon sur disque mais encore meilleur lorsqu’il brûle les planches.
Allez-donc les voir lorsqu’ils passeront près de chez-vous, vous ne serez pas déçus.
*Cajun: les Acadiens ou « Cajuns » sont des déportés canadiens francophones installés en Louisiane dès 1755.
Leur musique est d’héritage européen mais a également été influencée par la culture créole.
*Zydeco: ou « zaricot », comme dans la chanson populaire « il n’y a plus d’haricots » est le pendant noir de la musique cajun, même si les deux styles tendent à se mélanger.
La figure la plus populaire de la musique Zydeco est l’accordéoniste Clifton Chenier.
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