Qu’entends-je ? Qu’ouïe-je ? On me dit à l’oreillette qu’un film traitant des droits de vote des femmes en Suisse vient de sortir. Le cœur patriote et féministe, j’ai couru acheter un exemplaire pour ma mère et moi et on s’est installé tranquillement avec un bon verre de thé (vin?) en appréhendant un chouïa. Parce que le sujet est plus que tendu et pas si lointain que ça.
L’Ordre Divin c’est l’histoire de Nora (Marie Leuenberger), une Appenzelloise dont la conscience féministe s’éveille doucement dans un village Suisse-allemand plus que fermé d’esprit. Dans un monde d’homme et de dictât, elle n’a plus envie de sécher les chaussettes de son beau-père, mari et fils. Elle n’a plus envie de voir les bleus sur le visage de sa sœur. Elle en veut plus. Elle a besoin de plus. Mais comment sortir du lot et oser penser autrement quand la femme n’est réduite qu’à l’image de femme de ménage/maman et que personne, même certaines femmes, ne veulent pas que cela change ? Comment sortir d’un enfer imposé depuis des millénaires ? Mais surtout, comment en sortir indemne ?
L’Ordre Divin, c’est surtout l’histoire de toutes les femmes. Car nous sommes en 1971 et la Suisse s’apprête à voter pour ou contre le droit de vote des femmes. A cette époque, les femmes n’avaient pas droit d’être indépendante financièrement et même de travailler si leur mari en décidait ainsi. Les femmes n’avaient pas le droit d’avoir une opinion. La femme était réduite à l’ombre de l’homme. Et le destin de toutes ces femmes étaient alors scellé dans les mains des hommes, seuls élus à pouvoir voter.
C’était il y a 46 ans.
En Suisse.
Je vous laisse hurler intérieurement pendant quelques secondes. Voilà. Ça va mieux ?
Trêve de plaisanterie. 46 ans, c’était hier. Et pourtant, les us et coutumes de nos parents ne nous ont jamais paru aussi moyenâgeux. Il est merveilleux de voir le chemin parcouru, bien qu’il y ait encore énormément à faire sur le plan de l’égalité des sexes. Mais c’est surtout effrayant de penser qu’il n’y pas même pas 50 ans, nos mères et nos grands-mères étaient réduites à l’état de non existence.
Sur fond de révolution sexuelle et féministe, l’Ordre Divin traite parfaitement de la condition des femmes dans des petits villages de nos campagnes. Sans tomber dans le pathos, il réussit avec brio à décrire le quotidien, la colère et l’incompréhension de ces femmes privées de droit.
Petra Volpe, la réalisatrice nous livre ici un petit bijou dans le monde fermé du cinéma Suisse. Le décor, les tenues, coiffures et habits…Rien n’a été laissé au hasard et tout a été parfaitement choisi pour nous plonger dans la froideur et la routine d’un petit village perdu en Suisse face à une révolution imminente.
En plus de traiter d’un sujet plus qu’important, l’Ordre Divin est une réalisation très bien maîtrisée Les acteurs sont fabuleux et ont même fait passer les 1h36 de Suisse-allemand sous titré comme une lettre à la poste. Franchement, à voir absolument. Et à offrir à toutes les femmes de sa vie.
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