Hier soir, je voyais pour la première fois sur scène ce groupe solaire, cette troupe ardente, cette voix crépusculaire. Les 7 troubadours sortent de l’ombre, tous habillés de noir, pendant que le moteur pétaradant et les gaz d’échappements annonce une virée des plus prometteuses. Nous attendons tous le signal de Christian Olivier qui pourrait nous lancer un: « En route mauvaise troupe! » Ainsi débute la première Fulgurance de la soirée.
« Fulgurance offre-moi cette danse
Injecte-moi les flammes de la transe
Fulgurance offre-moi cette chance
Envole-moi à m’en perdre les sens »
Le tonnerre gronde, des éclairs jaillissent, je note alors l’excellence de l’ingénieur lumières qui ambiance intelligemment chaque tableau proposé par les Têtes Raides. Nous voilà transportés tour à tour dans les bas-fonds d’un sombre quartier, on pourrait s’imaginer croiser Sweeney Todd comme sur le titre Les prisons dans lequel la chaîne claque, me faisant tressaillir à chaque fois. Puis plus tard on ouvre une boîte à musique, un kaléidoscope réfléchissant un panache de couleurs éclatantes, on suit l’arc-en-ciel pour découvrir la météo. Le temps s’arrête un instant, pour rendre hommage à Mano Solo et chanter La vie c’est pas du gateau. Notre exode continue, de la poésie urbaine au chant social « Pourquoi s’arrêter un matin sur le bruit d’un Marteau-piqueur… » ou encore « Pas à pas on a tout le temps, vite vite vite pourtant… »
Christian Olivier sort son accordéon, seule une lampe reste éveillée, voila Ginette. Celle-ci danse, se balance, virevolte, nous transporte sur le fil, fragile métaphore de nos existences éphémères. La salle s’emballe sur Latuvu alors que le saxophoniste, resté stoïque jusqu’ici, dévoile sa seconde nature et défile en slip tout en transcendant le public.
Nous avons depuis longtemps quitté la route et pris le bateau destination Le café de la marine. Après avoir chanté la vie, la mort, le bonheur d’être vivant, après plusieurs rappels et 2h15 de live intense, il est l’heure d’accoster, de nous quitter. La lune éclaire une dernière fois nos visages, permettant à chacun de reprendre ses esprits. J’ai été impressionné par la qualité de tous ces musiciens, le claquement pur de la caisse claire, le flegme vertueux du guitariste, les envolées du violoncelle… un spectacle à la fois minimaliste tout en ayant le pouvoir de nous embarquer loin dans notre imaginaire. Merci les artistes.
Laisser un commentaire