PRECARITE, FAMILLE DISLOQUEE ET RAPPORT A L’ARGENT:
Simon (Kacey Mottet Klein, vu dans « Gainsbourg, vie héroïque ») est un jeune garçon de la plaine. Tous les jours pendant la haute saison de ski, il monte en station, pour exercer des petits larcins. Il revend le produit de ses vols aux enfants de son immeuble dans lequel il vit en compagnie de sa sœur Louise (Lea Seydoux).
C’est d’ailleurs surtout lui qui subvient aux besoins de cellule familiale, sa sœur n’arrivant pas à garder un travail. Dans ce contexte, Simon joue tour à tour le rôle du père et du frère d’une Louise totalement incapable d’affection à son égard (on finira par découvrir qu’elle s’avère être la mère de Simon).
Simon organise un petit traffic de skis volés avec Mike (Martin Compston) un cuisinier écossais de la station. Il va aussi faire la connaissance d’une riche touriste anglaise (Gillian Anderson, X-Files), modèle inaccessible de la mère idéale.
UN FILM SUR LA VERTICALITE ET LES RAPPORTS ENTRE LE HAUT ET LE BAS:
Après « Home » un premier film construit sur l’horizontalité (une autoroute, une famille en un lieu unique), Ursula Meier pour son deuxième long-métrage s’intéresse aux rapports entre nantis et population vivant dans la précarité. Les deux sont représentés respectivement par la station de ski (le haut) et la plaine (le bas). Entre ces deux univers, Simon tente de trouver sa place en vain. Symboliquement, il n’est à l’aise qu’entre les deux, à savoir la télécabine qui relie ces deux mondes différents.
Ursula Meier prend un chemin similaire à celui des Frères Dardenne pour évoquer fracture sociale et rapports humains. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que Ken Loach (directeur du jury de Cannes 2012) ait été sensible à l’art de Ursula Meier. Car il existe des points communs entre ces deux œuvres.
A la différence près que la cinéaste suisse joue autant sur le réel social que sur l’imaginaire (une maison à côté d’une autoroute abandonnée).
Dans « L’enfant d’en haut », par exemple, on parvient à relier de manière plausible entre eux des lieux qui ne le sont pas dans la réalité géographique du Valais.
Il y a le parti-pris, de la cinéaste de montrer le cadre écrasant de la montagne autour du monde urbain (la tour d’immeuble) et à l’opposé de ne pas montrer le décor majestueux des cimes enneigées en station.
Au delà de son sujet, le film est remarquable pour la prestation de Kacey Mottet Klein, petit caïd parfaitement rôdé au mensonge et aux rapports avec l’argent.
Un enfant en manque flagrant d’un amour maternel que « sa soeur » se refuse de lui donner.
Lea Seydoux, dans ce personnage de mère-fille à la dérive est aussi très juste, laissant au spectateur le soin d’imaginer ce qu’elle pourrait faire hors-champ (prostitution, défonce).
On est pourtant très loin d’un quelconque misérabilisme, ou apitoiement.
A noter la bande-son de John Parish (acolyte de PJ Harvey), en parfaite adéquation avec le film.
Le dvd (le blu-ray ne paraîtra que dans quelques mois), contient en annexe deux entretiens avec Ursula Meier et des scènes choisies et commentées par celle-ci en compagnie de Lea Seydoux.
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