Le renouveau de la bande dessinée intimiste francophone est en pleine forme ! En témoignent les sélections en compétition officielle du festival d’Angoulême 2012 de Polina, Portugal, Skins Party ou encore Oui mais il ne bat que pour toi. Ce début d’année commence donc sous les meilleures augures pour ce genre plus qu’apprécié, et pas seulement en vue d’Angoulême, mais aussi grâce à la reprise des nouveautés. En à peine une semaine, nous avons, en effet, eu droit à Aller-Retour de Bézian, à David, les femmes et la mort de Judith Vanistendael et surtout au premier volume de Le bel âge de Merwan. Trois titres révélateurs d’une tendance qui s’actualise (grâce aux nouveaux jeunes auteurs) et s’assure ainsi un nouveau petit coin de soleil.
Avec déjà huit albums à son actif, avec notamment la trilogie Pour l’Empire, réalisée avec son ami Bastien Vivès, Merwan fait clairement parti de la nouvelle génération d’auteurs à suivre et la trilogie Le bel âge a tout le potentiel rêvé pour devenir son œuvre révélatrice. Couverture multi-cases, personnages noir et blanc sur fonds colorés, titre en gras, quatrième de couverture scindée en trois, chaque partie dotée d’une simple phrase résumant la situation de chacune des protagonistes. Rien qu’à l’aspect extérieur, Le bel âge annonce la (les) couleur(s) et nous promet un album choral à la sensibilité naissante.
Violette vient juste de rompre avec Damien, son petit ami de longue date. Une nouvelle ère s’ouvre à elle, elle est libre de faire ce qu’elle veut, de façonner son futur comme elle l’entend. Et cela la terrifie. Hélène, elle, est obnubilée par sa thèse et fait passer tout le reste après, même son copain et son sommeil. Enfin, Lila ne sait pas ce qu’elle risque de perdre lorsqu’elle couche régulièrement avec Marvin, l’homme de sa meilleure amie. Du moins, jusqu’à ce que cette dernière ne les découvre. Trois filles en pleine fleur de l’âge. Apparemment différentes, mais plus semblables qu’elles ne le pensent. A la recherche d’un avenir et d’une identité encore flous. Un portrait d’une jeunesse sous pression.
Après une ouverture aux accents cinématographiques, Le bel âge étend ses trois intrigues sur une cinquantaine de page et prend le temps nécessaire pour nous immergé. Pas de précipitation, le rythme de la vie, une introduction pleine d’empathie et de quotidien. Merwan trace ainsi les grands axes de trois destinées, qui finiront sûrement par se rejoindre dans les deux prochains volumes de la série. Loin des stéréotypes, nous suivons donc en alternance ces récits qui rivalisent de simplicité et d’efficacité. Chacune d’entre elle vit se propres cataclysmes internes, avant d’entrevoir au loin une lueur qui leur redonnera la force d’avancer, sans se faire ralentir par les embuches de la vie. Bien sûr, Merwan jour sur le côté empathique des personnages pour nous les rendre familiers. Car, qui n’a pas connu une de ces trois filles ? L’étudiante obsédée ? La fille volage et sensible ? Celle qui broie souvent du noir ?
A l’instar de son ami Bastien Vivès, Merwan développe un style simple et épuré, qui met en avant les personnages et les situations, à défaut d’un style graphique trop poussé qui étoufferait le récit. Et il y arrive à merveille. On se demande même qui au finale à influencé l’autre. Vivès ou Merwan ? Quoiqu’il en soit, on attend le deuxième volet avec impatience, d’autant plus que le twist final nous annonce une suite passionnante, voire renversante.
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