Voici encore un petit échantillon d’albums choisis par votre disquaire afin que vous ne manquiez de rien pour passer le cap de la nouvelle année. Pour ceux qui auraient manqué l’épisode précédent, voici un petit lien de rattrapage. Je vous souhaite à toutes et tous une très belle nouvelle année !
Fuzz – II
Cette fois on ne fait pas dans la dentelle. Fuzz le nouveau projet de Ty Segall (encore lui!) va exploser votre sono avec ce nouvel album mystérieusement appelé II. Bon d’accord, ils ne se sont pas trop foulés pour le titre, mais plutôt pour ce qu’il y a dedans. Côté écriture, le californien est très prolifique, c’est le moins que l’on puisse dire avec trois projets sur le feu : Ty Rex (reprises de T-Rex), GØGGS et Fuzz, sans compter qu’on le connaissait jusque-là avec son Ty Segall Band.
Ce que vous allez trouver en pressant le bouton play, c’est une volonté farouche de déclencher une tempête psychédélique dans la plus bruitiste et sauvage des manières. Rien que l’intro annonce la couleur, installant l’atmosphère à grand renfort de cordes façon heavy metal et de solos bien dégueu à souhait. Ce météore laisse sur son passage quelques magnifiques pépites à l’instar de Let It Live, stoner à la percussion imparable soutenant de puissantes contorsions de guitares aux effluves transpirant les seventies. Say Hello fait mine de nous emmener sur quelque terrain plus exotique et tribal avant de déchainer une transe sonique hallucinante. Le son sec de la batterie, la voix de Ty Segall, les changements de rythme et les solos de guitare sont tout autant d’ingrédients à ce cocktail génial et totalement anti-industrie portant haut et fort les couleurs de la musique indépendante. Certains fuiront pour se réfugier chez Adèle, d’autres adoreront, s’empressant d’en faire profiter leurs voisins tellement heureux qu’ils en taperont sur les murs. Ok ! Ok ! Je mets plus fort !
Disponible en format CD ou Vinyle
Gogo Penguin – V2.0
Voici un disque qui va vous faire aimer le jazz ! Ces trois londoniens exercent leur art avec une manière toute rafraichissante et dénuée de tout élitisme apparent. Mélodies et rythmes s’entrechoquent dans un ballet ébouriffant qui ravira les plus néophytes et fera retourner en enfance les plus endurcis. On est très proche de l’univers du légendaire Esbjörn Svensson Trio qui avait propulsé le jazz dans le XXIème siècle et dont on déplore encore la perte de leur pianiste Esbjörn. Les musiciens de Gogo Penguin en portent largement l’héritage avec brio par les superbes lignes pianistiques s’étendant à perte de vue dans Hopopono (pas trop mis de o là ? non c’est bon). On pense parfois à Einaudi. La rythmique, tenue par Rob Turner est juste phénoménale et imprévisible passant du binaire au ternaire avec une facilité déconcertante. On tape à fond dans la jungle avec un groove fabuleux qui évoque Massive Attack ou Aphex Twin. Bien qu’étant principalement acoustique, les références à la musique électronique sont larges et pousseront beaucoup à penser « out of the jazz box ».
La technologie est bien présente dans leur musique car plusieurs des motifs ou de leurs variations sont dérivés de compositions algorithmiques crées sur synthétiseurs ou séquenceurs et reproduits de manière acoustique signant une alliance étrange mais bienvenue entre l’esprit libre de l’impro jazz et les mathématiques. Le résultat en live est absolument impressionnant, donc si vous les voyez en concert près de chez vous, n’attendez pas ! Accourez voir ces génies à l’œuvre ! Voici d’ailleurs un petit échantillon de leur maîtrise avec une fin à couper le souffle et rayer le CD !
Disponible en format CD ou Vinyle
Eagles of Death Metal – Zipper Down
Sur ceux-ci j’avais l’intention d’écrire il y a quelques temps déjà, mais ce qui leur est arrivé récemment en France m’avait brisé le cœur et coupé toute envie d’écrire. Toutefois il n’aurait pas été juste de ne pas partager avec vous leur musique délirante au service d’une divine mission : nous convertir tous au rock’n roll et ce dans la joie et la bonne humeur. Au passage les deux amis d’enfance, Jesse Hughes (Boots Electric) et Joshua Homme (Queens of the Stone Age) prennent un malin plaisir à tourner en dérision les codes et travers du rock qu’ils aiment tant et ce dans la plus électrique, dépravante et jouissive délectation. La pochette et le titre annoncent la couleur pour des titres comme Got a Woman et son Slight Return ou encore le décadent Silverlake (K.S.O.F.M.), une des gemmes de l’album. On y trouve aussi quelques reprises à l’instar de Complexity (Boots Electric) qui ouvre l’album évoquant Don’t Bring Me Down d’ELO et le splendide Save a Prayer de Duran Duran, transformé à la sauce western-spaghetti stoner.
De la tragédie qu’ils ont vécue, les Eagles of Death Metal sont en train de se relever de la plus belle des manières. Ils reprendront leur tournée dès le début 2016 et passeront notamment par Zürich (Komplex) le 23.02.2015. Une campagne de soutien a aussi été lancée dans laquelle ils invitent les groupes de musiques à reprendre un de leur titre de Zipper Down, I Love You All The Time dont les droits seront intégralement reversés aux victimes des attentats de Paris. Nombreux sont ceux qui y ont déjà répondu : Florence + The Machine, Savage, My Morning Jacket, Sinner Sinners, Imagine Dragons, Dean Ween Group, etc. Toutes les infos sur http://playitforwardeodm.com
Peace and Love Death Metal!
Disponible en format CD ou Vinyle
ESB (Elektronische Staubband) – Square/Triangle/Sine
Derrière cet obscure acronyme ce cache le nouveau projet de Yann Tiersen qui, accompagné de ses deux acolytes, Lionel Laquerrière et Thomas Poli, lassé des mornes balances avant concert, s’était mis dans l’idée de s’amuser sur des versions électroniques de ses propres compositions. Se prenant au jeu, ce trio de l’étrange continua ces explorations, motivé par l’amour de la découverte, du bidouillage électronique pour arriver à ce premier opus. Les influences du Krautrock allemand sont indéniables et agiront sur les fans comme une madeleine de Proust. Eux-mêmes citent Kraftwerk, Fuck Buttons, Neu!, Follakzoid, etc… On pourrait aussi y reconnaitre un peu de Gesaffelstein ou encore John Carpenter. Un splendide projet rassemblant trois amis et leur plaisir de créer ensemble qui vous feront voyager dans un univers infini de nappes électroniques, parsemées de débris et d’astéroïdes sonores.
Disponible en format CD ou Vinyle
Swiss Zone
Magic & Naked
Si vous aimez contempler le ciel par une belle nuit étoilée à la suite d’une baignade ou d’une session de surf nocturne, cet album est fait pour vous. Le folk cosmique de ces genevois vous permettra de percevoir les champs infinis d’une utopie où s’enlacent gracieusement sensualité et contemplation. Les plages psychédéliques de la Californie qu’éclairent au loin la cabane des Beach Boys et de leur Smile Sessions en sont la toile de fond. Un doux parfum bluesy porté par la brise de guitares sixities rappelle que le désert mexicain n’est pas loin, comme si Calexico, les Pussywarmers ou Eels, étaient venus rejoindre, Crosby, Stills and Nash … and Young (évidemment) sur cette plage parmi les planches de surf pour siroter une tequila à la lumière de la voute céleste.
Un magnifique premier opus pour ces « beach-cowboys suisses » (Les Inrock) dont on entendra encore parler, c’est certain.
Disponible en format CD ou Vinyle
Get in the car Simone – Where We Meet
Ces cinq fribourgeois avaient gagné en 2013 les Sundays Night organisés par Radio Fribourg. Ils se lancèrent dans l’enregistrement de leur première galette en 2014 aux studios de la Fonderie et voici enfin après un dur labeur que cette dernière est mise en vente. L’autoproduction est un long chemin qu’il faut avoir le courage d’emprunter pour atteindre son but. Souvent l’important n’est pas la destination mais le voyage. Au voyage, Get In The Car Simone est une invitation vers les confins de la Britpop atmosphérique où ciel et terre ne font qu’un. La magie opère dès l’intro, très réussie qui non sans évoquer de belles pages de U2 (Where the Streets Have No Name) propulse l’auditeur vers cet univers où de temps à autre l’on pensera à Blur, Oasis, The Stone Roses ou encore The Charlatans. Planant et mélancolique, l’album garde une belle unité qui donne pleinement sa personnalité à Where We Meet et réserve de lunieuses envolées sur des titres comme Inflammation ou Try. Une belle naissance dans le paysage musical suisse.
Disponible en format CD
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