LA COUNTRY, UNE MUSIQUE REAC? VRAIMENT? ECOUTEZ LES PAROLES:
Avec ses deux volumes de « Delta Swamp Rock », Soul Jazz Records avait abordé le style « southern rock », une compilation country music s’avérait la suite logique. Dont acte.
Le formidable label londonien se penche sur un pan d’histoire de la musique populaire, ici, en l’occurrence l’avènement des femmes dans la country music de 1952 à 78. Avant cela les femmes faisaient parties d’un ensemble souvent dirigé par leur père ou mari. Un milieu dominé par les hommes (Jimmie Rodgers/Hank Williams/George Jones).
De grandes figures vont apparaître entre autres Patsy Cline, Dolly Parton et Loretta Lynn ou Tammy Wynette et qui au fil du temps vont devenir des stars du genre.
Féministes par défaut, toutes ces fortes individualités vont faire leur place à Nashville bastion conservateur, non sans obstacles, car la liberté d’expression a un prix. A titre d’exemple, Loretta Lynn (la fille du mineur de fond) a pas moins de 14 morceaux interdits à l’antenne (notamment « The Pill » sur la contraception et « Dear Uncle Sam » sur le conflit du Vietnam).
La révolution commence donc en 1952 avec Kitty Wells et son « It wasn’t God who made Honky Tonk Angels ». Cette chanson est un plaidoyer en réponse à l’opinion communément admise qui veut que seules les femmes à la moralité douteuse pouvaient fréquenter les bars (honky tonks). Kitty Wells, rétorque que ce sont plutôt les hommes mariés se rendant dans les beer joints et qui se comportent en célibataires qui sont à blâmer. Autre morceau à l’inspiration similaire: « Two whoops and a holler » de Jean Shepard, dans laquelle tout est permis à l’homme mais lorsque c’est une femme qui fume, boit et raconte des gags, est considérée comme moins que rien.
Lyn Anderson avec « Fancy » reprise d’un morceau de Bobby Gentry, décrit une jeune femme mourante se prostituant pour éviter la pauvreté à ses enfants. Justement le très populaire « Ode to Billy Joe » de cette même Bobby Gentry, est un morceau au texte d’une noirceur gothique digne d’un William Faulkner!
La chanson décrivant une famille autour du repas commentant un fait-divers sordide (Joe Dassin a adapté ce morceau sous le titre « Marie-Jeanne »).
L’arrivée de Patsy Cline à la fin des années 50 coïncide avec la création du son country urbain tel qu’on le connaît et dans lequel les instruments traditionnels du country & western tels que le banjo violon et la mandoline sont remplacés par les ensembles de cordes piano et choeurs. Cline, femme forte de caractère, boit, jure et s’habille de manière sophistiquée.
La qualité commune à toutes ces stars de la country est qu’elles sont issues de milieux très pauvres, elles n’ont jamais oublié d’où elles venaient (Dolly Parton avait 12 frères et soeurs et le cabanon occupé par sa famille n’avait ni eau potable ni électricité) ce qui fait que le public s’est toujours identifié aux valeurs et à l’attitude vraie véhiculées par ces chanteuses.
Depuis toujours la musique folk ou country parle des gens ordinaires et de leurs joies et peines auxquelles l’auditeur peut donc facilement s’identifier.
ET LE RAPPORT AVEC LA SOUL DANS TOUT CELA?
Je vais vous dire, Ray Charles grand artiste ayant redéfini les genres musicaux (à cheval sur le jazz et le gospel!) adorait la country, comme Joe Tex d’ailleurs dont l’artiste Diana Trask reprend le « Show me » (à l’époque elle avait sorti tout un disque de reprises de Tex).
Autre point commun entre le style « honky tonk » et la soul: une rythmique appuyée (écoutez « Tender Words » de Bonny Guitar) ce que le style lisse de Nashville a toujours essayé de polir.
Soit, disons-le tout net autant le concept « interprètes féminines de country » tient la route ici, autant le terme soul est plus en phase avec l’expression chanter avec âme qu’avec la musique proposée.
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