Le week-end dernier, les jupettes en dentelles, les manettes moites et les pages cornées étaient au rendez-vous de la septième édition de Polymanga, le festival lausannois de pop culture japonaise. Curieux et quelque peu forcé par sa profession, votre humble serviteur a passé trois jours à entendre, voir et goûter cet univers.
Bon, déjà quand tu sors du bus, PAAMMM : la couleur est annoncée. Ça rie dans tout les coins, ça s’agite, c’est jeune, passionné et en plus il fait un soleil de tous les diables. Les escaliers du Palais de Beaulieu sont noirs de cosplayers. La dentelle rivalise avec les chaussures compensées. Les lentilles rouge sang se marient avec les chevelures à l’architecture laquée. Moi avec mon pauvre T-shirt Mirai Nikki, je fais profil bas et je monte vite vers l’entrée où la clim me redonne de quoi respirait et éveille ma soif. Un peu plus loin, une jolie jeune fille staffée de vert hypnotique m’accueille tout en feuilletant une liste longue comme la queue de Sangoku. « Ah oui, le stand de la Fnac, vous êtes nouveau cette année ». Eh oui, c’est le cas, c’est ma première fois à Polymanga. Toujours parti en week-end, j’aimais à fuir cette manifestation qui pour moi ne se résumait qu’à une orgie de jeunes déguisés, victimes de leurs hormones.
J’entre enfin dans la saint des saints. Après une rapide crise d’agoraphobie, je me faufile tant bien que mal à travers cet océan fantastico-humanoïde, où je croise des Pikachu, des Naruto, des Luffy, des Solid Snake, des Watchmen (hein… des Watchmen ?), des samouraïs en pagaille issus de multiples séries, comme Bleach, Samuraï Deeper Kyo, etc. Enfin arrivé à destination, je regarde ma montre et réalise que j’ai mis trois minutes à traverser cette salle. La nostalgie d’Angoulême me revient comme une branche dans la tronche et je me dis qu’en fait 16 000 personnes, ça fait vraiment beaucoup ! La frénésie m’entoure alors, un gros mal de tête m’assaille et je vois au loin un stand Redbull et me précipite vers lui. Quelques instants plus tard, je m’habitue au bruit, à la foule et le festival peut enfin commencer pour moi.
Comme chaque année, le Polymanga s’oriente autour de quatre axes : l’espace exposant, les conférences et dédicaces, les performances (cosplay, concerts et projections) et l’espace jeux-vidéo. L’espace exposant est un immense hall où tous les stands vendent approximativement la même chose et se font concurrence. On retrouve ainsi la Fnac, Mix-Image, Tanigami, Fun Asia… ainsi que quelques indépendants (Xiao Pan) et une zone de fanzineux. Du coup, c’est le meilleur endroit si vous vouliez acheter une peluche Sailor Neptune à votre nouvelle copine geekette ou encore la dernière figurine de Final Fantasy pour l’exposer fièrement sur le manteau de votre cheminée. Partie plus enrichissante, les conférences et dédicaces étaient passionnantes. Il est toujours intéressant de voir comment un mangaka, en l’occurrence Kazuo Maekawa (auteur de Phoenix Wright) évalue son travail, comment il procède et ce qu’il pense de la Suisse. Dans le même esprit, la palette d’auteurs présents était assez éclectiques, même si à 90 % européenne. Quant aux performances, elles ont été foison. Au programme, quatre concerts : les électro-gothiques de Gothika, les laqués et hallucinés Lix, les rockeurs TarO&JirO et enfin et surtout Cécile Corbel, compositrice de la musique du dernier film des Studio Ghibli, qui nous a emmené dans une autre dimension pendant une trop courte heure. Puis grand rendez-vous des otakus suisses, le concours de cosplay. Mise en scène léchée sur musique épique, les participants devaient montrer que non seulement ils étaient habillés comme leur héros préférés, mais qu’ils savaient aussi agir comme eux. Spectacle fascinant donc que toute cette passion étalée sans complexe et tout ce plaisir partagé par les spectateurs et les cosplayers. Et enfin la zone jeux-vidéo qui accueillait toutes les consoles, et quand je dis toutes, c’est toutes : PS3, Wii, 3DS, Xbox 360, Super Nintendo, Megadrive, Atari, Game Cube… Là, ça criait, ç rigolait, ça s’amusait, ça faisait plaisir à voir !
Après deux fermetures à 23 heures, des rétines prêtes à se décoller et des tympans de plus en plus rouges, ce Polymanga a été une sacrée expérience. Bien sûr, il faut un temps d’adaptation au novice, la première fois qu’il pénètre dans ce monde. Mais une fois le facteur inconnu éludé, on ne voit plus que l’amusement, le bonheur de festivaliers d’être là et de partager leur passion, leur identité, de laisser tomber toute barrière pour passer un bon moment. Eh oui, c’est aussi simple que ça !
Et pour finir, en cadeau bonus : une petite sélection photographique !
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