2010, le retour en trombe du space cow-boy. Au volant d’une grosse cylindrée Porsche, pour ne pas la citer, pourchassé par un hélicoptère sur une route sinueuse de montagne: Oui, Jamiroquai revient en forme. Le nouveau clip de « White knuckle ride » agit comme un clin d’oeil aux grandes heures du freluquet teigneux. Amoureux de la musique, de la fête, des femmes et des belles bagnoles (l’homme moderne, indémodable?), celui qui tenta de changer de nom à l’aube du nouveau millénaire (comme Prince en devenant Love Symbole, encore plus drôle à mimer qu’à prononcer), passant de Jamiroquai à Jay Kay, est le digne précurseur de la nu-funk. Lancé sur un ton acid-jazz étonnant (pour l’époque) au début des 90’s, il va élargir son champ d’action en allant chatouiller le disco et le funk-rock: idéal pour remuer ses soirées. Moderne et inventif, Jami n’a jamais eu trop besoin de vieux pots pour faire la meilleure soupe.
Très vite récompensé pour son impudence et son originalité, Jay Kay va connaître des déboires people « bankables » mais embarrassants. Dur de passer inaperçu quand on révolutionne le monde du clip avec l’extravagant « Virtual insanity » (aux quatre MTV Music Awards) et les beats inoubliables de « Cosmic Girl », « The return of the space cow-boy », « Little L » ou « You give me something ». De nombreux titres au potentiel hit-paradien vont se succéder et vont être utilisés pour des films grands publics (Godzilla, Le diale s’habille en Prada…) lui assurant une renommée mondiale infaillible. Pourtant, c’est après une grosse engueulade avec sa maison de disques de toujours, Sony BMG, qui lui force un « greatest hits » contractuel (avec lequel l’artiste les invite volontiers à se torcher le c..), que l’on va un peu perdre la trace de notre Iroquois de la Funk. Rongé par la poudreuse et les vices tord-boyaux en tout genre, entre pétages de plombs et défilements tyranniques de musiciens studios, Jamiroquai va peu à peu se retirer de la scène et du show-biz pour se ressourcer auprès de ceux qu’il aime.
Alors en voyant apparaître un nouvel album, intitulé « Rock dust light star », la curiosité prit place à côté de l’euphorie d’une nouvelle vague disco-funky. Orné d’un nouveau chapeau à plumes (synthétiques?), l’ex-défenseur de la nature est en passe de retrouver de vrais valeurs, celles qui le porte depuis déjà 18 ans. Ainsi, dès les premières notes de la chanson qui donnent le titre à l’album, on est transporté sur la lune où seule la basse ronflante nous donne une idée de la race humaine. « White knuckle ride », totale réussite du début à la fin, électro-funk dancefloor, surfe plutôt sur les dernières productions de Jay Kay, le rythme « clap des mains » en plus. « Smoke and mirrors » et « Two completely different things », funks vintage faisant revivre les grandes heures de shaft, marque également un retour attendue des cuivres dans la musique du groupe. « All good in the hood » rebondit au tempo d’une basse à inspiration 70’s, Delegation et Earth,Wind and Fire en tête, laissant place à « Hurtin », au refrain en choeur qu’on imagine aussi sexy que son timbre, et gros clin d’oeil guitaristique au bon vieux temps de l’acid-jazz. « Lifeline », ballade glissée sur violon, est une déclaration d’amour à tout ce qui se vit contrairement à « She’s a fast persuader », hymne dansant robotisé porté par une rythmique tantôt planante, tantôt véloce. Jamais à court d’illuminations, Jami se lance un défi reggae tribal sur « Goodbye my dancer » et « Hey floyd », pour conclure ce disque sincère et animé. Un défi amplement accompli qui fait de ce « Rock dust light star » un album 4 étoiles. La musique de Jamiroquai est comme une boule à facette, elle tourne sur un même axe depuis deux décennies et illumine à chaque fois qu’elle se met en marche, réunissant tous les ingrédients d’une funk moderne qui a toujours eu un même but depuis la nuit des temps: faire danser. Avec ou sans pattes d’ef…
Extraits à écouter ici: 08 She’s A Fast Persuader – 02 White Knuckle Ride – 12 Hey Floyd
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