Depuis le retour de Bruce Dickinson il y a environ 12 ans, c’est devenu une tradition. La grosse machine Iron Maiden nous offre un live après chaque album, résultat en principe d’une tournée dantesque et unanime dont eux seuls ont le secret. Jugé plutôt has-been sur le vieux continent mais adulé partout ailleurs, le groupe n’en fait qu’à sa tête et n’en finit plus de ramener la même question sur le tapis: Iron Maiden est-il le dernier grand groupe? En terme d’inspiration, d’investissement et d’admiration, encore une fois, on peine à en douter. Pour sa part, phénomène rare: aucun groupe de métal n’a jamais rassemblé tant de fidèles qu’Iron Maiden. Amis métalleux de tous bords, un genou à terre devant cette vierge de fer qui partout où elle apparait déchaîne les passions autant qu’elle fédère. Ce n’est pas l’Estadio National de Santiago (Chili) et ses 50 000 aficionados confinés à la fanittude absolue qui diront le contraire. Pourtant le groupe n’a jamais laissé son public le gouverner, prenant dès le début la vie du bon côté et abandonnant les failles auto-parodiques aux icônes abimés du « rock’n’roll way of life » (Mötley Crüe, Metallica…). Rock-star sans le savoir, les six membres de Maiden récoltent dans la sympathie de leur public la prévoyance d’un groupe qui a su prendre son pied au sérieux.
Il est vrai qu’à la sortie de « Final frontier » (2010), la presse s’était montrée snob, jugeant un peu hâtivement la quinzième galette du groupe, somme toute à la pointe de la production moderne et de l’agressivité passéiste, mais sans jamais saturer. Le défendre sur scène? Une formalité artistique que l’on constate rapidement étouffée – après visionnage du making of d’1h30 – par la complexité logistique qu’Ed Force One (avion officiel de la tournée) transporte sur les quatre continents: le Boeing le plus trash du tarmac paraît limite plus fatigué que ses occupants et avale les tonnes et les miles sans avoir trop le choix. Filmée par une vingtaine de caméras HD, la setlist d' »En vivo » ne pioche pas trop dans le répertoire ancien de la bande mais offre tout de même son lot de classiques infatigables (« 2 minutes to midnight », « The wicker man », Hallowed be thy name », « Fear of the dark » – comme si un concert d’Iron Maiden réussi était conditionné à cette peur de la nuit!), mélangés à de l’actuel maitrisé de bout en bout (« El dorado », « Coming home », « When the wild wind blows ») qui glace le sang en même temps qu’il réchauffe les artères, voir qu’il gonfle à plein les poumons d’une formation à la cinquantaine époustouflante et vierge d’aucune excentricité. Peu de groupes de heavy-métal, aussi crépusculaires soient-ils, vous laisseront autant de frissons sur la peau et d’acouphène aux oreilles qu’Iron Maiden. Inutile de leur souhaiter longue vie, la légende est acquise.
Gyslain Lancement
Laisser un commentaire