Et pour changer un peu de style de film j’ai décidé, cette fois-ci, de m’attaquer à un domaine que je n’avais pas encore abordé car lassé par les productions actuelles depuis belle lurette: le film de combat asiatique.
Et en plus dans la plus grande tradition des métrages du genre Bruce Lee où les combat sont secs et sans retour, avec un scénario qui nous fait participer émotionnellement parlant et qui nous tient en haleine du début jusqu’à la fin! Bref un grand moment de bonheur pour les amateurs du genre qui, comme moi, avaient peut-être égaré le plaisir de voir ce type de spectacle simplement jouissif.
On se retrouve, une fois n’est pas coutume, devant une magnifique réalisation à l’esthétique soignée, enfantée par un duo acteur/réalisateur qui a déjà fait ses preuves (j’y reviendrai en fin d’article). Mais cette fois-ci ils soulignent, dans un scénario biopic sur la vie du maître de Bruce Lee, le côté humain des pratiquants d’arts martiaux, ce qui n’est pas souvent fait dans les productions de combats asiatiques. L’histoire se déroule pendant les années 1930-1940 en Chine et se découpe en deux parties bien distinctes: la première se passe avant l’occupation japonaise pendant laquelle l’argent, le travail et la nourriture n’étaient pas un problème, où ils doivent concilier le plaisir de voir leurs amis, ainsi que la pratique du combat et la vie de famille. Avec une femme qui ne fait que de lui demander de ne pas se battre, de s’occuper plus souvent de leur fils ou finalement de ne rien casser pendant ses affrontements. Puis, pendant l’occupation, les cartes sont redistribuées et la misère soudaine arrive. Maintenant c’est chacun pour soi et dieu pour tous, il faut utiliser ses mains et ses forces pour travailler ou en tout cas ramener du riz chaque soir à la maison pour nourrir les siens et survivre. Ce qui est marquant aussi dans la construction du film, c’est que, entre ces deux parties, on passe d’un film léger avec un humour omniprésent à un drame sombre et agressif. Le métrage parle aussi de fierté nationale face à l’occupant et de l’envie de dire à ces pourritures de Japs de rentrer dans leur pays. Les Chinois sont prêts corps et âme à se battre pour leur honneur. On aborde aussi les retombées négatives que peuvent amener l’occupation, comme les usines qui ne peuvent plus vendre leur production et le banditisme qui s’installe… le tout saupoudré de splendides scènes de combats, il va sans dire!
A côté de tous ces sujets amenés et maîtrisés, on peut quand même dire que le film est assez violent! Mais sans sang inutilement versé et sans que les protagonistes ne fassent, tout d’un coup, des bons de cinq mètres de haut, commencent à s’envoler pour aller se battre dans les nuages ou se téléportent. On est aussi bien loin de films à surenchère d’effets spéciaux (comme Dragon Tiger Gate) où on voit les gens s’amuser à tirer des boules de feu dans tous les sens ou carrément changer le climat météorologique ! Les combattants et acteurs sont tous très crédibles et en même temps les mouvements qu’on leur demande de réaliser sont coordonnés par rapport à leur capacité physique et non grâce aux possibilités de l’ordinateur : ) Et contrairement à certaines productions du même genre, on n’a pas l’impression d’assister à une valse musette mais bel et bien à des gens qui se cognent dessus sèchement avec énormément de technique et de style. C’est brut mais superbe et intense à suivre !
Revenons maintenant sur les artisans du métrage. On y retrouve Donnie Yen qui incarne IP man (Yip Man de son vrai nom). Ce grand acteur de la trempe de Jet Li est aussi chorégraphe à ses heures. Avec le réalisateur, grand Monsieur du nom de Wilson Yip, ils ont déjà concocté plusieurs films en commun comme SPL et Flashpoint. Leur talent n’est plus à confirmer pour les amateurs de ce style de cinéma. D’ailleurs si vous êtes passé à côté de ces deux polars aux “bastons” pied/poing et aux gunfight sévèrement burnés, je ne peux que vous conseiller leur vision au plus vite!
A noter, pour conclure, que les bonus sont très intéressants et que, entre autre, ils nous révèlent que la star du film s’est beaucoup préparée pour ce rôle en apprenant, avec brio selon des experts, le Wing Chun (art martial pratiqué dans le film). Il a, de plus, repris la cigarette après 9 ans d’arrêt pour encore mieux se fondre dans la peau de son personnage!
Bref, un must have pour les fanboys!
Le film est disponible en DVD et BR
Petit glossaire et anecdotes pour les amateurs tirés du site web Ici la Chine!
« Ip Man » a du jour au lendemain boosté la popularité d’une forme d’art martial jusque là assez ésotérique : le ‘wingchun’, en mandarin 咏春 yǒngchū. Ce doux nom signifie chanter le printemps, ou ode du printemps, une appellation étonnante pour un style de boxe, mais qui signifie, le printemps étant la saison du renouveau, qu’il s’agit d’un style non figé, un style en perpétuel renouvellement.
C’est bien ce qu’il est advenu avec le premier des grands maîtres à l’avoir popularisé : Yip Man. D’un art dont la légende dit qu’il tient ses origines d’une nonne, et qui avait donc au départ la mauvaise image d’une technique de femmes, Yip Man a fait une école qui a aujourd’hui des adeptes dans le monde entier.
« Ip Man » a dû son incroyable succès au box office, bien plus qu’à un scénario qui a fait grommeler puristes et historiens (1), aux superbes chorégraphies de Samo Hung (洪金宝) et surtout à l’interprétation de Donnie Yen (甄子丹), devenu depuis lors une valeur sûre qui vaut son pesant d’or.
Si l’on ajoute une épouse fidèle et vertueuse, interprétée par une actrice que l’on n’imaginait pas forcément dans ce rôle, Lynn Hung (熊黛林), on a un trio gagnant (2) que le réalisateur et le producteur, respectivement Wilson Yip (叶伟信) et Raymond Wong (黄百鸣), vont resservir avec joie et quelques menues modifications.
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