Après un premier film maîtrisé jusqu’à l’os par le réalisateur Wilson Yip et mettant en scène le prodige Donnie Yen incarnant le maître de Bruce Lee pendant l’occupation japonaise dans la Chine des années 30-40, le duo magique revient pour une suite dont on pouvait craindre le pire… particulièrement après un tel exercice de style qui nous avait montré le cinéma chinois dans des conditions frôlant la perfection absolue! Yip nous démontrait toute l’étendue de son talent d’inventivité pour la mise-en-scène et Yen survolait véritablement son art avec une grâce infinie; on n’osait rêver à un nouvel épisode aussi convainquant, pensant que le carton du premier offrirait une séquelle plus commerciale qu’entraînante.
Bien heureusement, les impératifs rentiers du studio n’ont pas terni l’envie de proposer une suite digne de ce nom qui, même si elle aborde peut-être plus en surface l’ambiance historique du moment, se révèle être un bijou exaltant le plaisir et l’émotion. Avec de surcroît une réalisation technique encore plus impressionnante (si si, c’est possible!!) que le premier du nom, le Ip Man nouveau est, n’ayons pas peur des mots, une bombe à consommer sans modération !
Le film reprend peu de temps après le premier épisode ; la guerre est donc finie, la Chine se remet gentiment sur pieds et ses habitants, la plupart traumatisés, se démènent comme ils peuvent pour se reconstruire une vie. Hélas, l’argent manque un peu partout à l’appel. Ip Man décide d’aller enseigner le Wing Chun à Hong Kong pour subvenir aux besoins de sa femme enceinte et de son enfant. La ville étant régie par les lois des colonies anglaises et comptant déjà trop d’écoles (obligées de multiplier leurs activités pour survivre), son intégration dans la « famille » des maîtres ne va pas se faire sans heurts. Et c’est sur ce sujet que le métrage va prendre ses marques, l’acceptation des autres ainsi que l’accession pour IP et son école à la possibilité d’enseigner son art-matial dans la ville. On débute donc, comme dans le premier du nom, par une partie plus légère dans laquelle l’humour est omniprésent. Les combats, tous magnifiquement chorégraphiés par le vétéran mais toujours aussi habile Sammo Hung, nous proposent des styles différents qui en mettent pleins les yeux, particulièrement pendant les affrontements entre les grands maîtres! Puis la nonchalance anglaise va entrer en jeu, comme si la Chine avait imposé (pour ce film en tout cas!) une image nombriliste et haineuse de ses colonisateurs, pour qui les Chinois ne sont que de faibles personnes dont la boxe n’est que chorégraphiée et bruyante, n’ayant aucune chance face à la toute puissance de la boxe anglaise. Va donc, à nouveau à l’image du premier, débuter une lutte pour l’honneur de chacun et sa raison d’exister. Celle-ci va prendre des proportions inhumaines et insensées, permettant au film d’atteindre des sommets d’héroïsme jouissif, qui même si historiquement plus que disproportionnés, feront vibrer le spectateur terrorisé par la haine et le manque de respect anglais.
Un film donc qui, même s’il détourne l’histoire pour embellir ses envolées émotionnelles, vous fera passer un passionnant moment de cinéma dont le blu-ray rend grâce à merveille. A nouveau un grand film d’arts-martiaux qui fera date pour les amoureux du genre! Si vous n’aviez pas encore eu le bonheur de découvrir Ip Man, un joli coffret magnifiquement pressé au prix dérisoire vous attend ici : )))
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