Adapté d’une pièce éponyme du libanais Wajdi Mouawad, ce bouleversant métrage canadien est certainement une des grosses claques de cette année. Tout débute au Québec par la mort d’une mère qui, après une semaine de renfermement sur elle-même, lègue un bien étrange message à ses enfants, accompagné de lettres qu’ils ne pourront ouvrir qu’une fois ses derniers voeux accomplis ; c’est-à-dire retrouver leur père qui serait encore vivant, et un frère dont ils ignoraient l’existence. Ceci va les emmener au Moyen-Orient à la recherche d’un passé mystérieux et sombre qui va redéfinir la notion de drame humain ; un film indispensable qui met à jour une face atroce et amorale mais malheureusement bien réelle de notre espèce. La différence et l’incompréhension, menant à une culture de la haine dont le fil devient de plus en plus robuste au fil des générations, voire incassable. Une véritable plongée dans l’enfer des droits bafoués de l’être humain.
Si vous recherchiez le plaisir le temps d’un bon DVD, passez votre chemin car ici l’ambiance générale est toujours aussi noire. Je pense sincèrement que ce métrage aurait pu être mis dans la catégorie de film d’horreur tant la première scène au Liban est d’une intensité à peine croyable et vous n’imaginez même pas la suite ! On atteint des pics de monstruosité, souvent suggérés, un peu à la manière de l’exceptionnel Ruban Blanc de Michael Hanneke. Les acteurs jouent terriblement bien et arrivent à faire passer leur déchirure par quelques regards lourds de sens, ou autres langages du corps qui démultiplient la portée émotionnellement dévastatrice du tout. On suit cette histoire, magnifiquement filmée dans des décors désertiques hypnotisants, comme si on creusait notre propre tombe, une chute libre prenante mais étouffante qui vous brisera le coeur par tant d’injustice et de manque d’humanité. Fort heureusement c’est sur un message d’espoir qui requinque que l’on quitte les protagonistes et on aimerait tellement agir pour que des choses pareilles n’arrivent plus jamais. En ressortant du film j’ai eu l’impression d’avoir reçu le même uppercut que des métrages m’ayant traumatisé comme Old Boy ou Seul contre tous mais cette fois-ci sans avoir pu prendre de la distance en me disant… ce n’est que du cinéma ! Et si je vous propose ce film ici, ce n’est pas pour vous faire du mal mais bel et bien pour découvrir un cinéma dont le poing levé et le message ont rarement été aussi forts ; un chef-d’oeuvre rare.
En ce qui concerne le pressage, c’est à dire la qualité visuelle des disques, j’aurais bien voulu vous louer les performances du blu-ray, mais malheureusement celui-ci n’existe ni sur notre marché, ni en France. Il faudra donc se contenter d’une seule édition dvd complètement nue, sans bonus ni même la bande annonce… on le regrette pour un tel film !
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