The Walking Dead et Spawn, ça vous parle ? Si oui, vous êtes déjà en train de sauter au plafond. Si non, vous avez de la chance, car vous allez pouvoir découvrir ces deux références du comics indépendant. Et dans les deux cas, vous allez être époustouflé, que dis-je submergé, par Haunt, la nouvelle création de Todd McFarlane (créateur de Spawn et rénovateur de Spider-man), Robert Kirkman (créateur et scénariste de The Walking Dead, Invincible, Marvel Zombies, j’en passe et des meilleurs…), Greg Capullo (créateur de The Creech et dessinateur surdoué de Spawn) et Ryan Ottley (jeune illustrateur d’Invicible). Autant dire qu’avec une équipe pareille derrière les plumes et les pinceaux, on s’attendait à un truc énormissime. D’autant plus que les ventes outre-Atlantique dépassaient les 60 000 copies du premier numéro, en comptant seulement les précommandes. Et nous n’avons pas été déçus…
Haunt nous raconte l’histoire de deux frères, l’un agent secret et l’autre prêtre. Kurt meure au cours d’une mission ultra-périlleuse et revient hanter son frère. Ce dernier va voir sa vie minable (prostituée trois fois par semaine et confesseur sans envergure) changer du tout au tout. Car le fantôme de son frère arrive à prendre possession du corps de Daniel et cohabite avec lui sous forme d’un symbiote puissant, mélange visuel étonnant de Spider-man et Spawn. Avec l’aide de son frère, Kurt va pouvoir finir sa mission et récupérer les dangereux carnets du Dr Shillinger et découvrir l’identité de son meurtrier. En voilà un pitch bien excitant ! Double identité, fraternité, baston et jolie espionne : vous devriez déjà vous en frottez les mains !
L’intrigue nous entraîne donc sur plusieurs chemins, qui se chevauchent parfaitement grâce à la maestria de Sieur Kirkman. Ce dernier mets ici de côté ces dialogues habituellement trop longs (seul reproche que l’ont pouvait faire à The Walking Dead), pour aller plus efficacement à l’essentiel par le biais de situations plus claires et mieux amenés. Cela nous permet ainsi de saisir la psychologie des personnages plus facilement avec des dialogues concis, sans devoir se taper les explications interminables dont les américains raffolent. On est plus attentif aux comportements des personnages et l’identification est du coup plus évidente pour le lecteur. Autre bon point, Haunt regorge de plusieurs scènes d’action ficelées comme un bon vieux Stallone : course-poursuite effrénée à pied, en voiture ou dans les airs, massacres sans concession à la Kick-Ass, transformations qui déboîtent Spider-man… Kirkman met les petits plats dans les grands et se lâche pour notre grand plaisir oculaire. Et ne vous inquiétez pas, rien ne prends le pas sur rien. L’ensemble est parfaitement équilibré et rythmé. La narration, dirigée ici par Greg Capullo, est dynamique, jusqu’à être complètement jouissive par instants, le plus souvent quand Kurt prends possession de Daniel et nous offre un show d’ectoplasmes, de muscles et détermination.
En dehors de ses aspects divertissants et techniques, Haunt se démarque aussi par son travail sur les personnages et son sous-texte, moins évident du premier coup d’œil. Menant deux vies diamétralement opposées, Kurt et Daniel ne s’aiment pas plus que ça. Les seules fois où ils se voient, c’est lorsque Kurt vient se confesser de ses crimes de guerre à son frère le prêtre. Leur relation est limitée, l’un ne comprenant pas les motivations de l’autre et vice-et-versa. C’est une cause commune qui va les rapprocher : empêcher les carnets de Shillinger de tomber dans de mauvaises mains et veiller à la sécurité d’Amanda, la veuve de Kurt. Ils vont alors apprendre (difficilement) à vivre en symbiose. Kurt bénéficiera du calme et de l’intellect de son frère et Daniel profitera de l’expérience physique et militaire de Kurt pour mener à bien ses nouvelles actions. Les deux trouveront ainsi un nouveau but à leur existence et se lanceront presque à corps perdu dans cette nouvelle relation, au péril de leur vie.
Enfin, il faut bien dire que le costume de Haunt déchire ! Il nous rappelle certes celui de Spawn, mais apporte une dimension plus énergique et instinctive au personnage. Un look démultiplié par le graphisme virtuose d’Ottley et Capullo et par l’encrage du maître McFarlane.
A lire absolument !
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