Quelle histoire étrange que celle des derniers jours d’Ellis Cutting ! Cow-boy arriviste et mystérieux, il est poursuivi par l’agence Pinkerton et se réfugie dans un camp de chercheurs d’or. Là, un passeur indien lui annonce qu’il mourra en ces lieux, mais Ellis ne l’écoute pas et croit pouvoir reconstruire sa vie et repartir à zéro. Malheureusment ses mauvais penchants vont vite refaire surface et il recommence à truander et à violenter. La fin est connue, mais pas son déroulement. Premier album du jeune Thomas Vieille, Les dernier jours d’Ellis Cutting est une surprise totale. L’intrigue est déstabilisante et pourtant familière. On y retrouve bien-sûr les codes du western (saloon, prostituées, violence et animosité ambiante), mais aussi et surtout une atmosphère étrange, voire quasi-mystique. Les paysages enneigés et l’air glacial influent fortement sur les comportements des personnages et donnent une dimension floue et innatendue au récit. Car c’est de cela qu’il s’agit ici. Thomas Vieille ne donne aucune explications, il expose simplement les faits et les événements, ce qui rend cette aventure encore plus passionnante, car intriguante de bout en bout. Au final, on n’apprend pas grand chose d’Ellis Cutting, et c’est ce qui fait de lui un personnage si attachant, car une fois l’album fermé, les questions à son sujet nous assaillent. La narration est, elle, très cinématographique, mêlant panoramas et séquences aux plans figés. On se rappele alors tous les films que l’on a vu et l’immersion se fait alors encore plus facilement. Le graphisme se démarque également et, même s’il peut rapeller d’autres dessinateurs, a le mérite d’être net et efficace, notamment grâce aux couleurs qui évitent le côté criard, pour tabler sur les nuances fines et pourtant bien visibles. En définitve, Les derniers jours d’Ellis Cutting nous reste en tête bien après sa lecture, car les questions qu’il soulève sont universelles.
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