Un véritable bijou, voilà qui pourrait bien résumer le dernier métrage en date de ce cher réalisateur franco-polonais. Mais ça a bien failli être le dernier avec les récents événements qui se sont passés pas très loin d’ici. Heureusement, normalement son talent de cinéaste va pouvoir encore s’exprimer derrière une caméra et pas entre quatre murs dans une prison aux USA. Car du talent, il en déborde et ce Ghost Writer est là pour nous le confirmer, même s’ il a dû faire le montage et la post-production dans son chalet à Gstaad déjà privé de liberté.
Avec son atmosphère pesante qui met nos sens en éveil du début jusqu’à la fin, cette pression constante qui nous fait douter de tout et de tout le monde, Polanski nous sert un hommage direct au cinéma de Hitchock et la sauce prend superbement.
Mais quels sont les atouts du film? Son ensemble est diablement bien orchestré. Même si le rythme est relativement lent et les révélations discrètes, tout est magnifiquement emballé. Des acteurs tous géniaux et bien dans leurs personnages, avec notamment Ewan McGregor (The Ghost ou le nègre en français) qui nous livre une prestation hors pair dans la paranoïa, et Pierce Brosnan (le premier ministre qui fait méchamment allusion à Tony Blair…) qui sait sortir quelques petites blagues bien placées pour nous faire respirer un peu: ça fait du bien! De plus, la musique nous plonge encore plus dans la tourmente; la photo et les plans glaciaux sont splendides et il y a l’ambiance de l’île et son côté huit-clos, tout se marie à la perfection!
C’est clair que si vous sortez du travail fatigués, que vous venez de manger une énorme fondue au fromage avec un bon blanc ou tout simplement que les films plutôt contemplatifs vous font roupiller, passez votre chemin.
C’est sûr que ce n’est pas l’action à proprement parler qui nous fait vivre ce film car les seuls moments qui « bougent » sont là pour nous mettre encore plus de pression et nous faire douter encore plus de tout. Mais on embarque avec ce Ghost (McGregor qui n’a d’ailleurs pas de nom dans le film…) dans cette quête, sans trop savoir (comme lui) sur quoi on va tomber. On se laisse happer par les indices semés, le stress qu’il vit nous submerge et, comme un enfant qui ne se soucierait pas du danger, avec lui, on veut franchir des barrières sans supposer qu’un grand malheur pourrait lui arriver. Juste pour savoir et rassasier notre curiosité.
Adapté du livre écrit par Roman Harris The Ghost et co-scénarisé pour le métrage par lui-même et Polanski, ils ont décidé ensemble nombre de choses comme le fait que le film soit narré à la première personne. Mais tout ceci est expliqué dans les bonus du DVD et BR qui sont vraiment très intéressants. Je vous les conseille vivement!
Alors, si vous aimez les thrillers tendus et politiquement engagés, faites vos bagages et embarquez avec ce Ghost Writer sur l’île de Martha’s Vineyard.
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