Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût: une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Furari de jirô Taniguchi, chez Casterman.
En tout bon Japonais qui se respecte, Jirô Taniguchi n’a pas lâché le crayon. Au contraire, depuis le succès fulgurant de Quartier Lointain, au Japon et ici, il enchaîne les histoires avec une qualité toujours constante, étonnante et fascinante. Dernière sortie en date, Furari créé l’évènement, car son auteur revient à un genre contemplatif qu’il avait déjà esquissé avec Le promeneur et surtout L’homme qui marche.
Librement inspiré du premier cartographe japonais, Tadataka Inô, le personnage principal de Furari n’est jamais nommé. Il passe ses journées à mesurer les distances entre tel et tel endroits, en comptant le nombre de pas qu’il fait. Il s’affaire à créer la première carte du Japon. Sa discipline est implacable et il compte bien aller au bout de son idée. Eï, sa femme, accompagne des fois son mari, mais commence à se méfier de son obsession.
Vous l’aurez compris, on passe tout ce manga à marcher en compagnie de ce calme cartographe. Du coup, l’intrigue se résume vite et il ne se passe grand-chose de palpitant. Mais c’est justement là que Taniguchi fait fort. Il élimine tous éléments de suspens, de tragique ou de comédie pour se focaliser sur l’environnement de son personnage. Habitué à une image guerrière (samouraï, Shogunat) du Japon médiéval, nous autres lecteurs occidentaux, ne connaissons que peu la vie quotidienne de cette époque. Et c’est que nous découvrons au rythme des balades que nous propose Furari.
Pas de stress, ici. De l’observation, du ravissement, de l’étonnement et de l’amour, dans leur plus simple appareil. Une tortue perdue sur une pelouse, qui va finir par retrouver son chemin. Un pique-nique sous les cerisiers en fleurs. Le ballet des lucioles à la tombée de la nuit. Un orage violent et sans pitié. Une croisière au clair de lune. Autant de choses simples et magnifiques à la fois, que nous permet de savourer le personnage principal. Personnage calme et observateur qui à la particularité d’avoir une sensibilité extrême à ce qui l’entoure. Au point de partager la vision de certains animaux, de leur emprunter leur regard et de découvrir le monde à leur manière. D’abord, un chat, puis un éléphant et enfin une libellule.
Taniguchi nous propose donc un havre de paix de 211 pages, que l’on ne dévore pas. Au contraire, on s’attarde sur chaque évènement, aussi infime soit-il, car on sent au fond de nous qu’il recèle une vérité plus large et pleine de sens. Surtout aujourd’hui, où notre société roule à 100 à l’heure sans stopper. Furari nous calme, nous demande de respirer une seconde, d’observer ce qui nous entoure et nous murmure que dans chaque petite chose, il y a une beauté infinie.
A l’occasion des dix ans de la collection Écritures, Casterman vous offre un ex-libris Taniguchi à chaque volume de Furari acheté.
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