Nicolas Julliard, 42 ans, est un musicien lausannois indépendant qui s’est lancé sous le pseudonyme Fauve en 2004. En 2013, le collectif français Fauve ≠ sortait son premier EP « Blizzard » et leur succès a connu l’effet d’une bombe. Pour ce musicien lausannois, c’est depuis cette soudaine usurpation d’identité qu’il a récemment conclu à l’abandon de son nom de scène et dû apprendre à vivre avec la confusion qui en découle.
Récemment, l’Arena s’est trompée en postant une photo de toi sur sa soirée annoncée pour le concert de Fauve≠… C’est gros tout de même.
Nicolas Julliard: Oui, c’est comme cela avec google. Ca s’est passé comme ça dès le départ, par des confusions dans des articles par exemple. Là ou je me suis dit que ça commençait à devenir vraiment grave, c’est quand les gens dans la rue m’arrêtaient pour me demander si j’étais le chanteur de Fauve≠. Alors je disais oui, j’ai même signé des autographes à leur place (rires).
Quand et comment as-tu entendu parler de Fauve≠ pour la première fois?
N. J: J’étais tombé sur une des deux premières vidéos qu’ils avaient mise en ligne. Les gens ont tout de suite eu l’air de bien réagir et je les ai donc contactés avant qu’ils ne s’emballent. Ils m’ont répondu être embêtés mais qu’ils comptaient continuer sous ce nom car ils y tenaient. J’ai ensuite réécrit avec un ton plus sec, en leur disant que j’avais fait des disques déjà sous ce nom, mais sans réponse. Ma naiveté a été de me dire qu’avec quelques vidéos sur youtube ça ne pouvait pas aller plus loin. J’aurais dû tout de suite attaquer, mais ça n’étais pas du tout dans mon idée de faire un procès, ou ce genre de choses.
As-tu pensé à les attaquer juridiquement?
N. J: J’y ai pensé, mais premièrement je ne voyais pas comment mettre les sous là-dedans. Ensuite ils ont eu un soutien public rapidement très fort, et je ne voulais pas passer pour le petit suisse, jaloux de leur succès, ou je ne sais quoi. Mais surtout, j’avais envie de mettre mon énergie dans la musique, car en me lançant dans un truc comme ça, c’est deux ans de procédure débile pour arriver à pas grand chose. Mais je ne pouvais pas imaginer que ça deviendrait aussi gros, et aussi vite.
Quand as-tu commencé ta carrière sous le pseudonyme Fauve?
N. J: En 2004, ça fait dix ans aujourd’hui. J’ai beaucoup relativisé après cette histoire et me suis rendu compte de par ça à quel point j’avais investi de ma personne dans ce nom. Fauve, c’était moi, et les gens m’appelaient par ce nom, même comme ça. C’est quelque chose qui était très intimement lié à ma personne. Je relativise un peu l’importance du truc aujourd’hui. Ca m’a fait tellement mal de me dire que ce nom a été utilisé par d’autres, je me dis que c’est un nom comme un autre, et que l’important est de faire de la musique. Mais c’est clair qu’avant d’arriver à cette conclusion ce fût très douloureux. Le truc montait en puissance et je me demandais quand ça allait s’arrêter, ils remplissaient ensuite des zéniths, c’était de la folie.
Est-ce que tu te dis que Fauve≠ se pourrait d’être un effet de mode?
N. J: Oui. J’ai appris par la suite que des membres du groupe travaillent dans des maisons de disque. Ils ont bien planifié leur truc, en disant être un collectif sans hiérarchie. La recette peut-on la décliner, je ne sais pas. Pendant toute cette histoire, je ne me suis pas prononcé sur leur musique, ne voulant pas rentrer dans ce débat.
Cette histoire a t-elle influé sur ta créativité?
N. J: Oui, ça m’a bloqué pendant une année où je n’ai quasiment rien fait. Durant l’année 2013 j’étais bouffé par ça. Puis ensuite, à partir du moment ou j’ai décidé de ne plus continuer sous ce nom et écrit cette lettre aux Inrocks (voir « Comment Fauve≠ a tué Fauve »), ça m’a paradoxalement complètement libéré. A présent j’ai à nouveau plein d’idées, d’envies, mais il a fallu pour ça me libérer de ce nom. Je suis passé à autre chose et le prend positivement, comme un nouveau départ, en revenant avec un autre disque et un autre nom. Plein de gens m’ont suggéré de m’en foutre et de le garder, mais pour moi ce nom est en quelque sorte gâché, même si Fauve≠ arrêtaient demain. Ils en ont fait autre chose dans l’esprit des gens et ça ne m’intéresse pas.
Et ce nouveau départ? Veux-tu en dire plus sur ton prochain nom?
N. J: J’ai plein de nouvelles chansons que j’ai enregistrées cette année, et ça devrait se faire assez vite. Je donnerai le nom au moment ou je sortirai quelque chose. Je vais prochainement travailler sur la musique d’une série télévisée de type fantastique.
Laisser un commentaire