Marre des livres pour enfants trop classiques et des Disney trop gnangnan. Voici venir Fables! Une série qui en est déjà à son onzième volume et qui a su s’imposer comme une nouvelle référence de l’écriture et du concept.
Envahi par l’Ennemi, les territoires de Fables sont mis à feu et à sang, forçant leurs habitants à fuir. Ne sachant pas où se réfugier, ces derniers s’installent en panique dans notre monde. Des siècles plus tard, ces créatures mythiques se sont organisées et ont crée Fabletown, une communauté sans faille, dont les bureaux siègent en plein cœur de New-York. Là le Roi Cole fait figure de souverain et Blanche-Neige dirige de main de fer tout ce petit monde. Bien sûr, la règle n°1 est de ne pas faire de vague: personne ne doit découvrir que le Prince Charmant arpente les rues à la recherche de nouvelles conquêtes, que la Belle et la Bête ont de problèmes conjugaux, que Jack passe son temps à arnaquer ses contemporains ou encore que le grand méchant Loup est devenu le meilleur détective de la ville. La vie suit donc son cours pour ses immortels parfaitement intégrés. Mais évidemment, tout n’est pas si facile et les ennuis vont rapidement refaire surface, sous forme de disparition mystérieuse, de rébellion sanguinaire, de chantage malsain ou encore d’histoire d’amour impossible.
Digne descendant du cultissime Sandman de Neil Gaiman, Fables est devenu la nouvelle référence du comics conceptuel intelligent et jouissif, aux graphismes simples, léchés et évidemment efficaces. C’est surtout grâce à son créateur que l’on doit ce côté original et conceptuel. Car, à l’instar d’Alan Moore et sa ligue des gentlemen extraordinaires, Bill Willingham développe dans Fables toute une ribambelle de personnages hypra-populaires, non pas de manière classique ou revisitée, mais de façon réaliste et croyable. Il leur enlève leur dimension fantastique et lisse pour leur apposer les attributs humains, des plus vils et faibles aux plus solidaire et courageux. Parallèlement, c’est la nature des événements et les conflits auxquels ils doivent faire face qui sont, eux, hors du commun et qui poussent nos héros à adopter des comportements fantastiques et exceptionnels, mais toujours dans la limite du réel. Cette humanisation permet ainsi à Willingham de creuser sans cesse ses personnages, pour en tirer le meilleur comme le pire, l’important restant la crédibilité de leur nature et l’immuabilité du décor. S’ajoute à ça une maîtrise certaine des dialogues qui, en plus de leur fluidité, font preuve de simplicité relative et de tournures équilibrées et référentielles.
Visuellement, Fables nous offre un festival de couleurs, de traits acérés et multiples. Dominé par la présence plus que récurrente de Mark Buckingham (Hellblazer, Miracleman), le dessin de Fables sait rester sobre et laisse la place nécessaire et vitale au scénario. Cela n’empêchent pas aux dessinateurs talentueux de venir prêter mains fortes le temps d’une histoire ou d’un épisode : Lan Median, Linda Medley, Craig Russel, Peter Gross ou encore David Lapham. Il en ressort ainsi une identité propre et réaliste, qui laisse néanmoins la place à l’imaginaire et au fantastique, grâce notamment à la vivacité des couleurs. Et je ne pourrais pas finir, sans vous parler des couvertures. Entièrement réalisées par James Jean, ces illustrations sont sublimées par la beauté du trait toute en finesse, par la douceur des textures et par la justesse des couleurs.
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