L’état de veille, c’est le quotidien de ces jeunes. Koper, Lario, Marzio les frères Lo Cicero, Gino, Robertino, etc. En périphérie de la grande ville, ils habitent dans un village résidentiel où se succèdent les immeubles bas et les espaces verts infinis. Ils s’occupent comme ils peuvent, entre parties de foot endiablées, vol de pêches, bagarres désorganisées et expéditions risquées. La centrale qui domine le village emploie presque tous les habitants et impose sa lourde présence à l’innocente atmosphère des environs. Les jeunes apprennent vite à vivre avec elle. Ils connaissent les noms des gaz qui y sont traités et peuvent même les reconnaître aux odeurs qui flottent souvent dans les champs. Ils s’habituent aussi aux alertes qui se suivent de mois en mois. Fenêtres closes, aération coupée et peur exacerbée, ils espèrent tous que leur père rentrera le soir pour les serrer dans leurs bras. Tous vivent avec la menace d’une contamination ou d’une explosion qui arriverait sans crier gare. Alors pourquoi se prendre la tête, pensent-ils. Pourquoi penser à demain, alors que tout peut basculer si rapidement ? Désœuvrés et sans avenir, ils profitent donc de chaque jour, de chaque instant qu’ils ont entre les mains. Ils se laissent vivre et s’occupent avec ce qu’ils ont, en y mettant une insouciance déconcertante et pourtant si tentante.
Première œuvre traduite en français de Davide Reviati, Etat de veille ne nous rappelle rien. Aucune référence, influence ou comparaison à faire, cet album est unique dans son style et dans son thème. Il s’agit simplement d’un témoignage pur et dur d’un auteur qui nous raconte son enfance insouciante et lucide, dans un endroit où le lendemain n’existe pas. Sans aucun artifice et juste avec son cœur. C’est cette honnêteté des sentiments et des émotions qui fait d’Etat de veille une histoire rare et à part. Une honnêteté tellement forte qu’elle nous laisse sans voix une fois la dernière page tournée.
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