Voici deux films atypiques et esthétiques, qui décrivent avec beaucoup d’humanité, d’humilité et un certain lyrisme des parcours de vie difficiles. Partisans d’une réalisation à la beauté simple (et simplement belle), les personnages présentés devront faire des choix qui chambouleront leur existence.
Le premier: La Merditude des choses, du réalisateur Félix Van Groeningen, retrace la vie de Gunther Strobbe, un ado de 13 ans qui vit dans une famille qu’on pourrait définir de « cas social ». L’alcool, les excès sont en quelque sorte des membres à part entière de la famille. Aussi, Gunther doit se faire une place dans ce véritable clan sous la pression constante de son père et de ses oncles. Comme une soupière brûlante prête à déborder, le quotidien se pare naturellement chez les Strobbe de violence, de loufoqueries, de débordements. Les proches de Gunther gravitent dans leur monde désopilant, se retrouvant dans des situations énervantes, souvent navrantes voir pathétiques.
Pourquoi j’ai aimé ce film? Ce film belge qui arbore un sévère ton décalé et un humour grinçant s’avère touchant, sans mièvrerie. Il retranscrit impeccablement la rudesse et la rustrerie du milieu qu’il chronique. L’effort fait sur la mise en scène renforce notre plongée déroutante dans cet univers de « misère sociale ». Le jeune héros devra avoir une force de caractère exceptionnelle pour ne pas se faire happer par le rouleau compresseur de la vie et se sortir d’un destin qu’on imagine sombre pour lui.
Le second: Get Low (Le Grand jour), réalisé par Aaron Schneider, avec notamment Robert Duvall et Bill Murray. Il s’agit de sa première réalisation.
Fin des années 30 dans le Tennessee, Félix vit en ermite dans les bois. Les rumeurs vont bon train dans la contrée avoisinnante et bâtissent des « légendes urbaines » sur le vieil homme. Massacre, sorcellerie, Félix aurait commis les pires atrocités. Aussi, au seuil de sa vie, il a une idée surprenante et imagine d’organiser ses funérailles de son vivant. Un événement dans lequel tout le monde pourra raconter une histoire sur sa personne, un moment qui lui permettra peut-être de révéler le pourquoi de son choix de vie.
Cette histoire poignante, tirée d’un fait réel, confère une grande place aux rapports sociaux, aux non-dits, aux jugements parfois hâtifs et aux châtiments que l’on s’inflige parfois personnellement. Le jeu d’acteur bonifie cet intelligent scénario, en témoignent les joutes et envolées verbales entre Félix (Robert Duvall) et son croque-mort (Bill Muray). Brillant!
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