L’industrie télévisuelle peut remercier la criminalité. Le crime fait vendre, cette entité immorale est le fonds de commerce des séries et des films à succès. Dans un monde parfait, qui s’intéresserait à Détroit? Les scénaristes ont besoin de villes coupe-gorge, des quartiers de sales gueules, des faubourgs où il se trame des choses pas claires, sûrement la raison pour laquelle il n’y a jamais eu de sagas policières au Liechtenstein. Le chef-lieu du Michigan détient un triste record: celui du taux d’homicide le plus élevé du pays, aggravé par un climat tendu, une pauvreté accrue et une majorité de laissés pour compte qui font rimer criminalité avec banalité. Rincés par un quotidien mouvementé qui trouve à peine assez de place pour dormir, les flics de Detroit sont les derniers travailleurs à la chaîne, pour le petit clin d’oeil à la ville qui a vu naître le Taylorisme à l’origine de la motorisation de masse des Etats-unis.
Tournée sur le vif, caméra à l’épaule (recette qui a fait le succès de « The Shield »), la série nous plonge dans le quotidien d’une brigade criminelle rondement orchestré par les exploits ordinaires du Detective Louis Fitch, remarquablement interprété par l’ultra charismatique Michael Imperioli. Neveu qui voulait devenir plus gros que le boeuf Tony dans les « Soprano », récent inspecteur de police dans le chef d’oeuvre « Lovely Bones » de Peter Jackson, Imperioli est sous-exploité dans le 7ème art. Regrettable. Une gueule pareil mérite une récompense et « Detroit 1-8-7 » est là pour ça et le propulse en roi du dénichage d’ordures meurtrières et en expert des arguments qui font mouche. A l’aise voir limite blasé devant des corps mutilés, maladroit, gauche mais fier face à la femme qui l’émoustille et rudement malin dans ce panier de crabes sanguinaire, Imperioli est impérial et suit ses convictions instinctives au lieu d’accepter ses directives. Sous des allures de documentaire ultranerveux, on passe d’une scène de meurtre à une interpellation musclé en deux claquements de barilets, sans avoir le temps de reprendre son souffle. Rarement nouvelle série aura récolté autant de louanges. En diffusant Detroit 1-8-7, ABC a ravi les cinéphiles tout comme les véritables travailleurs des forces de l’ordre qui voient à travers ce show la mise en lumière de gens dévoués et parfois héroïques. Un bel hommage pour une série qui se hisse déjà au panthéon du genre. Enfin, sans oublier que la ville est le berceau historique de la Motown et d’icones hip-hop (Mos def, Eminem…), le réalisateur Jason Richman y incorpore des tubes soul, funky et underground bien connus, histoire d’en remettre une couche culturelle sucrée, salée et référentielle.
Actuellement en diffusion sur Canal+, sortie de la première saison en DVD courant 2011.
Bande annonce: Detroit 1-8-7 bande annonce
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