Tout juste décoré du titre de meilleur film de l’année 2010 par la grande famille des Césars, la cinquième réalisation de Xavier Beauvois est une prière ou un recueillement qui marque les esprits. Durablement.
Raconter l’histoire de ces moines de Tibéhirine, qui connurent un destin tragique en Algérie en 1996, n’était pas chose facile car il fallait une sensibilité particulière pour retranscrire toute la quintessence de leur situation et de leurs sentiments. Et on peut aisément dire que le réalisateur français a touché juste avec ce métrage, certes assez lent mais envoûtant. C’est un de ces moments du 7ème art qui calmerait le plus fou de l’asile, le plus nerveux des serials killers ou le plus farouche des guerriers. Un instant où tout se fige pour devenir parfait, un souffle de beauté universel qui saurait faire planer le plus ENORME des rocs, faire rêver le plus terre-à-terre des cartésiens ou prier la plus convaincue des personnes athée. Une poésie de tous les instants qui nous remet en question sur notre mode de vie, nos soucis, nos problèmes et nos envies qui sont parfois, finalement, si futiles.
Filmé très simplement, avec une grâce inouïe, sans artifices d’effets de lumière et j’en passe, dans des décors naturels à faire pleurer et des acteurs tous habités par leurs rôles, on se laisse porter par cette histoire pas comme les autres qui est là pour nous rappeler que nous ne sommes que peu de chose, que nos biens matériaux ne nous font pas survivre mais oublier le temps qui passe. Maintenant, ce qui pour moi a été l’élément transcendantal du film est plutôt la réflexion sur la foi qu’il amène, qu’elle soit religieuse ou tout simplement une croyance en la vie. Mais aussi, l’amour entre les peuples et les religions, les liens, la dévotion, le courage, l’humanité et j’en passe. Il nous rappelle surtout qu’il faut vivre simplement, enfin vivre, tout simplement ! Tout passe par les silences et les regards qui sont souvent lourds de signification. Malgré que l’on sache plus ou moins ce qui va leur arriver, la tension monte au fur et à mesure et on est littéralement plongé dans leur histoire et leurs interrogations. La musique céleste et les chants se marient particulièrement bien avec le tout. Un des film les plus touchants qu’il m’ait été donné de voir.
Et pour finir sur une parole religieuse, je vais prendre parti. Prêcher encore une fois plutôt pour le Blu-Ray que pour le DVD. Les images qu’on y découvre sont magnifiques, surtout pour ce film où les paysages et les visages sont légion, c’est juste divin! La haute définition renforce les expressions des visages qui se décomposent ou s’assombrissent selon les scènes : magique!
Concernant les bonus, l’édition DVD contient juste une galerie photos (manque de place?) tandis que le BR contient un très beau documentaire sur frère Luc de Tibéhirine et une interview de Lambert Wilson intéressante. Bref, pour ma part, j’ai choisi mon destin : )
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