Un film qui saura lire dans vos yeux ce que vous avez de caché au plus profond de vous et de votre coeur…
Je me réjouissais tout particulièrement de découvrir ce métrage argentin qui a su dominer la course aux Oscars des films en langue étrangère cette année à Hollywood.
Surtout du fait que Un prophète et Le Ruban Blanc m’avaient beaucoup marqués et que je voyais bien un des deux repartir avec la statuette tant convoitée. Il faut aussi dire que respectivement Jacques Audiard et Michael Haneke sont pour moi de grands réalisateurs à la carrière confirmée et ça aurait été pour l’un ou l’autre une reconnaissance tout ce qu’il y a de plus juste pour l’ensemble de leurs travaux mais aussi pour leur dernière réalisation qui, pour chacun, est plus qu’un succès (des bombes à découvrir de toute urgence si ce n’est pas encore fait!).
Mais c’était sans compter sur le jury (qui j’en suis certain si on additionne leur âge dépasse celui de la terre…) de ces fameux Oscars plutôt fleurs bleus et un peu vieux jeu… Mais surtout sur ce splendide Polar-Romanesque tout droit sorti d’un autre temps qui a réussi à beaucoup me faire réfléchir pendant plusieurs jours après sa vision…
Et sans cette fameuse récompense, je ne l’aurais peut-être jamais découvert; alors, comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je retourne ma veste avec le sourire pour finalement remercier ces chers votants…
Mais c’est vrai qu’en ce qui concerne le film, c’est surtout sa mise en scène très formelle qui marque dès les premières minutes ainsi que ses images froides et ses plans fixes très académiques; on a presque une impression de téléfilm. Mais tout cela nous aide à nous focaliser sur le récit et les zones d’ombres des différents protagonistes, eux qui sont parfois rattrapés par les fantômes de leur passé. D’ailleurs, les acteurs qui sont tous parfaitement dans leur rôles, sont excellents et les thèmes abordés nous plongent presque directement dans l’histoire. Sans se faire prier, on veut connaitre la suite, on a nous aussi soif de justice et d’amour comme le personnage principal Benjamin Esposito (Ricardo Darin, grand Monsieur et acteur pince-sans-rire épatant, que l’on a vu dans de très beaux films comme El aura et Les neufs reines).
Alors, qu’ai-je retiré de ces deux heures d’un cinéma qui sait toucher là où ça fait réagir mais sans nous détruire moralement? Beaucoup d’affectif, d’émotions, et de douleur aussi. On a affaire à un rythme mélancolique et contemplatif plutôt destiné aux rêveurs dans un scénario assez dense. Il nous met face à des questions qui sont profondes et compliquées mais existentielles telles que :
– qu’est que la justice pour quelqu’un qui a perdu son âme et sa vie après l’assassinat de sa moitié?
– comment doit-on réagir quand nos supérieurs hiérarchiques font tout pour nous détruire ou nous rabaisser car ils ont l’impression que leur place est compromise par notre présence? Ou tout simplement que, vu qu’ils en ont la possibilité, ils le font par “plaisir”? Et tout ceci est encore plus évident dans une Argentine en pleine perdition, deux ans avant la dictature militaire de 1976. En plein dans un régime où le plus gradé fait la loi à son bon vouloir et peut même libérer des criminels pour les embaucher… eh oui, c’est ça une justice à plusieurs milliers de vitesses qui ne peut évoluer malgré les bonnes intentions de certains! Il y aura toujours quelqu’un pour profiter du système et de ce qu’il a de pourri et d’exploitable pour le tirer à son avantage… voici l’humain dans toute sa splendeur!
Mais, pour moi, le plus touchant dans le film ce sont les questions sentimentales qu’il aborde comme :
– que serait notre existence si l’on avait pris certains choix que l’on n’a pas osé faire?
– aurait-on toujours ce sentiment d’être passé à côté de quelque chose de merveilleux, de s’être résigné à vivre un autre amour sans la même saveur ou de n’avoir eu qu’une vie faite de déceptions?
Ca parle de nos erreurs passées, des regrets qui ne partiront peut-être jamais, du temps qui s’égraine pour les amoureux silencieux et de la frustration que ça engendre…
C’est tout ça, Dans ses yeux, un film qui souhaite bouleverser nos habitudes et nous faire faire des concessions pour se libérer. Il faut aller trouver le sens de la vie là où il est pour chacun de nous, car si on reste assis les bras croisés, nous n’apercevrons probablement pas le VRAI bonheur qui nous est promis, celui qui nous fera nous lever le matin un peu plus heureux chaque jour, un peu plus satisfait de notre parcours, et de pouvoir vivre et d’y voir clair. C’est donc clairement un message d’espoir qui ressort de ce fantastique moment d’un cinéma qui est motivant et mature. Yes you can comme dirait l’autre, alors… passez à l’offensive!
Si vous êtes prêt à ouvrir votre coeur et vos yeux, laissez-vous bercer par ce chef d’oeuvre!
Commentaire(s)
Raah ça pète !