Daniel Clowes est un auteur incontournable du comics indépendant. Son dernier album vient d’être traduit en français, chez Cornélius, une occasion pour nous et pour vous de découvrir cet artiste atypique.
Quotidien, indépendant et cinéma
Après l’obtention de son diplôme d’arts au Pratt Institute, Daniel Clowes essaie en vain de devenir illustrateur à New York. Puis, de retour à Chicago, sa ville natale, il travaille pour Cracked magazine, tout en publiant les aventures de Lloyd Llewellyn dans Love & Rockets. C’est en 1989 que Fantagraphics édite le tout premier numéro d’Eightball, revue personnelle où il publie par épisodes Ghost World, David Boring, Ice Haven, The Death Ray… qui sortiront ensuite en recueils. Tête de file du renouveau de l’underground américain, Daniel Clowes a reçu plusieurs Harvey Awards pour Meilleur écriture, Meilleur dessin et Meilleure histoire. Ghost World et Art School Confidential ont été adapté au cinéma avec succès. Et même si Eightball n’existe plus, Clowes continue d’écrire, en témoigne Mister Wonderful, qui fut publié dans The New York Times Magazine.
Enid et Rebecca sont blasées par tout ce qui les entoure. Alors pour s’occuper, elle se moque de tout ce qui bouge : du couple soi-disant sataniste aux jeunes trop tendance, en passant par les quadragénaires esseulés. Mais ce sont-elles regardées, elles ? Album le plus vendu de Fantagraphics, Ghost World est un témoignage acerbe et cynique de l’ennui inhérent aux banlieues américaines. Mais plus qu’un simple récit d’humour sociologique, Clowes nous parle de volonté, d’identité et de monotonie. Comment se dépêtrer de tous ces préjugés et de ce quotidien avilissant ? Ghost World a été adapté au cinéma en 2001, avec notamment Scarlett Johansson et Steve Buscemi.
Petite ville américaine sans histoires, Ice Haven est le théâtre de destins, parfois tragiques, parfois comiques. Random, écrivain raté et désespéré, Charles, garçon discret et influençable, Violet, adolescente en pleine crise identitaire, Kim, un caissier silencieux et ennuyé, etc. Tout ce petit monde vit tranquillement, jusqu’à ce que le jeune David Goldberg se fasse enlever… Chronique sociale multiple, Ice Haven représente la quintessence des thèmes chers à Clowes. La narration s’en voit ainsi fragmentée : chaque personnage possède son graphisme, son découpage et sa mise en page propre. Un tour de force narratif et visuel !
Marshall s’apitoie souvent sur son sort. Sa vie n’est pas très intéressante, surtout depuis son divorce il y a six ans. Aujourd’hui, il a rendez-vous avec Nathalie, une jeune femme qu’il n’a jamais vu. Mais voilà plus d’une heure qu’il attend et toujours pas de Nathalie à l’horizon. Récit introspectif, Mister Wonderful marque une nouvelle étape dans l’œuvre de Clowes. Entièrement raconté à la première personne, l’histoire de cet amour inattendu et maladroit nous est racontée en direct. Toutes les peurs, les doutes et le manque flagrant d’amour propre de Marshall tapissent chaque case, chaque pensée. Une technique efficace qui nous émeut et nous plonge sans retenue dans cette magnifique histoire.
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