L’actualité veut que ce film qui est mon favori de tous les temps soit ressorti en salle en avril dernier, en France.
Par ailleurs une séance est également prévue à l’Auditorium Arditi de Genève, le lundi 30 mai prochain.
Charles Laughton et la génèse du film:
Charles Laughton acteur anglais (1899/1962) de théâtre et cinéma, naturalisé américain en 1950 au physique ingrat est connu par ses rôles notamment dans « Quasimodo », « Les Révoltés du Bounty », « Le Procès Paradine » et « La Taverne de la Jamaïque » ou encore « Spartacus ».
Dans les années 50, victime de la chasse aux sorcières du sénateur Joseph McCarthy (tous les communistes ou supposés de Hollywood sont boycottés), Laughton a un passage à vide, il décide donc de tourner son premier (et unique) film « La nuit du Chasseur ».
S’il est novice en termes de réalisation Laughton, Il s’entoure de Stanley Cortez (« La Splendeur des Amberson » de Welles), pour la magnifique photographie noir et blanc.
Il donne le rôle principal à Robert Mitchum (sa meilleure prestation selon moi) et Lillian Gish (actrice fétiche de D. W. Griffith).
Film et scénario:
Mal distribué, mal aimé, l’échec commercial du film en fera la seule et unique réalisation de Laughton.
Ce n’est que bien plus tard que François Truffaut entre autres, louera les qualités d’une oeuvre complexe, dense et riche.
L’action se déroule durant les années trente, pendant la grande dépression, un père de famille, Ben Harper (Peter Graves), vole une banque pour subvenir aux besoins de sa famille. Avant de se faire arrêter par la police il confie le butin à son fils, John (Billy Chapin) et sa fille, Pearl (Sally Jane Bruce).
Peu avant sa pendaison, John côtoie en cellule le faux révérend mais vrai malfrat, Harry Powell (Mitchum), qui apprend l’existence du trésor.
Dès sa sortie de prison, le machiavélique révérend va voir la veuve Villa Harper (Shelley Winters), qu’il finit par épouser, mais seul le magot l’intéresse.
D’un point de vue formel, la photographie, Influencée par le clair-obscur du cinéma expressionniste allemand, renforce le côté dramatique et inquiétant du personnage de Mitchum. On n’est pas près d’oublier ses phalanges, symboliquement tatouées avec les mots « Love » et « Hate ».
A d’autres moments c’est un aspect plus féérique qui est mis en avant, on pense à la séquence de la fuite de nuit des enfants en barque sur le fleuve.
On est à la fois dans un polar, dans un conte et un récit social(les années trente).
Le film symbolise la lutte du bien, personnifiée par la veuve Rachel Cooper recueillant les orphelins contre le le mal représenté par le révérend détournant la parole de la Bible à ses propres fins.
Film culte, donc, à voir absolument ne serais-ce que pour la performance féline et maléfique de Robert Mitchum.
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