Linkin Park a toujours plus ou moins eu un temps d’avance. C’est leur musique qu’on osait appeler « Nu-métal » il y a à peu près dix ans. Alors pour ceux qui n’avaient jamais goûté à Korn au milieu des 90’s, le renouveau du métal à cheveux prenait racine à Agoura Hills en Californie. Dès le départ (« Hybrid Theory » en 2000), mêlant un soupçon (très léger) d’electro (qui grossira avec le temps), une veine Hip-Hop (collaboration avec le parrain Jay-Z bonjour) et un maximum de guitares saturées propres (qui le catalogue d’entrée dans la catégorie « stadium rock »), Linkin Park constituait un hybride parfait, le groupe qui jouait avec plus d’accords que Green Day (plus de 3, donc). Bien loin du combo efficace et revendicateur « Rage against the machine » qui terrassa et marqua le monde aussi violemment que les émeutes de L.A., Linkin Park va devenir une grosse machine à tubes imparable mais qui va quelque peu s’enliser avec ce « A thousand suns » (et après la lecture de ce blog)…
Et pourrrrtant, pourrrrrrtant (sur un air connu), Rick Rubin (producteur qui sauva des eaux Johnny Cash entre autres) est aux commandes depuis « Minutes to midnight » (2007) et ses morceaux imparables. En théorie, ça devrait aider: ici, Linkin Park se fait bouffer par le décor. « The Catalyst », single préalable au refrain « pouet-pouet fête forraine » prévoyait un changement mais pas au point de virer de bord. Même si le chanteur Chester Bennington a plutôt bien réussi son album solo en 2009, il passe du mec qui sait gueuler « death-métal » au tatoué de service qui se déhanche sur le dancefloor aseptisé de titres dépourvus d’identité et sans réelle saveur (« Blackout », « Wretches & King »), le tout puant la production flouée de Timbaland (« Robot boy », mais quelle horreur!!!). Et toujours pas de guitares….
La mélasse electro-hip-hop prend le pas sur leur authenticité, l’influence de Chester dominatrice de la grande époque a été avalée par Rubin (qui vient du monde underground à la base), digérée et recrachée en un album lisse et étourdissant. Quid du public acquis à la cause du groupe bourrin-gentil du nouveau millénaire? Il est paumé et aura du mal à s’en remettre. Dommage, deux-trois essais ne sauveront pas ce naufrage (« Iridescent », « The Catalyst ») qui passera à tort pour du culot, de l’ouverture, voir pire: pour de l’ambition. Foutaise, on s’ennuie tout au long de « A thousand suns ».
Mélodies et riffs dévastateurs, où êtes-vous? Adieu l’efficacité de « Meteora » (2003)… Un coup de gueule pour un disque râté… Quinzième et dernier morceau, toujours pas de guitares… Allez les mecs, on se secoue un peu, on enlève son slim et on rebranche ses amplis, OK? Tomates avariées et oeufs pourris sont à dispostion mais soyez sympas, épargnez les instruments…
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