Eté 2009, Jackson numéro un des ventes partout. Quel exploit! Sans sortir de disque, Bambi nous refaisait le coup de Thriller. Normal, il venait de mourir et son fonds de catalogue se retrouvait abondamment dans tous les magasins et s’engageait à allourdir le panier moyen des consommateurs, allant de la mamie nostalgique au rappeur ado à casquette. Jackson, c’est l’histoire d’un mec sur qui on s’acharne et qui a perdu autant de fierté que de talent le jour où il a viré Quincy Jones de sa production, et qui désertait depuis 10 ans le monde dont il fût le héros, tout en lassitude et en promesse tenue à « Don’t stop until you get enough ». Si l’on se penche sur les deux dernières « actu » du King of pop, on ressort deux choses: le film-bricolage « This is it » et la première (d’une longue série paraît-il) compilation de faces B sorties cet hiver, la douteuse et standardisée « Michael ». Aie, dans l’un, Jackson tenait debout sur l’ordre de ses médecins et des promoteurs utopistes croyant faire le coup du siècle et dans l’autre, on entend des bouts de voix de la star, issus soi-disant de sessions studio datant en grande partie de 2007 et 2009.
Qu’on soit fan ou pas, « This is it » est un hommage qui sent le dollar. Remarquez, pour monter au paradis, c’est mieux que des images de procès ou pire, Usher qui se force à pleurer face à un cercueil vide, le tout devant des millions de fans tristes. On préfère tous Jackson en mode strass et paillettes qui s’essaye aux chorégraphies glissantes qui ont fait son succès plutôt qu’à un King of pop orné d’un masque anti-bactérien et entouré d’avocats prêt à faire face à la justice. Ces 50 concerts avortés à Londres auraient constitués le défi de sa vie, une façon de rattraper un passif pas seulement pécunier, mais une réputation gachée par le doute sur des actes affreux que l’on espère montés de toute pièce. Terrible coup du sort ou énorme coïncidence, Prince, ennemi et concurrent médiatique les a fait lui, les 21 dates complètes au 02 Arena, c’était en 2007. Inutile de demander le résultat: le Kid de Minneapolis fit péter les compteurs 21 soirs durant. Paradoxe à la hauteur du mythe, Jackson apparaissait pointilleux et exigeant, limite capricieux,du début à la fin de « This is it »; bizarre pour un mec qui passa les 10 dernières années en pyjama dans des villas de location surdimensionnées ou mieux, en apparition marketing éclair aux barbecues promo de Christian Audigier (couturier en vogue à L.A.). Le seul mérite de cet « ex-futur making off » (du DVD qui aurait porté le même nom et aurait contribué à boucler la boucle selon les propres termes de la star – voir conférence de presse annonçant l’évènement) réside dans le fait que Michael y est vraiment la seule star, régnant tant bien que mal au milieu d’as de la chorégraphie, bien loin des mégalo faux amis (Akon, Will I Am, 50cent, il manquerait plus que Slash ou Van Halen) qui foisonnent sur cet ignoble disque (« Michael ») tout en beat surexagérés. Car on vous l’a dit, le seul véritable ami de Jackson, c’était son public.
Sur « Michael », sorte d’immense opération mercatique qui semble faussement offusquer le clan Jackson (si si, les frères et soeurs existent encore, souvenez-vous de Jermaine et de sa veste à épaulettes dans « When the rain begins to fall », son seul succès solo, puis de Janet et sa prestation-téton en duo avec Justin Timberlake), le doute est permis sur un ou deux titres quant à l’authenticité de la voix (« Breaking News », lancé en éclaireur sur les ondes). Pour le reste, on nage entre ballades ennuyeuses qui végétaient bien au chaud dans la case « à oublier » (« Keep your head up », « Best of joy », « The way you love me ») des archives du King of pop en habillant le disque d’une pochette fouillée à la « Dangerous ». Des featuring pas vraiment aboutis avec les cadors en vogue du R’n’B-dancefloor (Akon) ne font rien pour relever un ensemble plutôt insipide et incapable d’entretenir la légende. Seule surprise acoustique non réarrangée, « Much to soon », daterait assurément des sessions de « Thriller », soit la grande période Jackson. Malheureusement, les requins des majors et avocats en cols blanc font tâche à l’heure où sortent ces inédits, malgré leurs plaidoyers d’épongeurs de dettes bienfaiteurs. Ils ont réussi une seule et même chose: semer le doute sur l’exactitude des futures productions portant la griffe Jackson. Dans un grand bain de confusion, le king of pop aura été un roi précoce bel et bien mort avec son époque: il y a des siècles les empereurs trépassaient de la peste ou du choléra, aujourd’hui c’est plutôt dû aux surdoses de Demerol.
Alors on ne maîtrise pas tous le moonwalk, on ne porte pas tous un gant de diamants ni des Ray-Ban sur un nez en trompette, mais on doit au moins à Jackson de le laisser vivre en chacun de nous, sans abattage médiatique ni pirouettes contractuelles. Beat it.
Laisser un commentaire