Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût: une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Coq de combat d’Akio Tanaka et Izô Hashimoto, chez Delcourt.
Après cinq ans d’attente, voici ENFIN le volume 20 de la série coup-de-poing Coq de combat. Tout ça à cause d’un procès entre Akio Tanaka (le dessinateur) et Izô Hashimoto (le scénariste) , le premier accusant le second de ne plus participer au scénario depuis plusieurs numéros et de le laisser seul aux commandes, sans pour autant renoncer aux droit d’auteurs. Depuis, un compromis entre les deux auteurs a été trouvé et Delcourt sort enfin la suite tant attendue d’un des manga de combat le plus cru et social de la production actuelle. La réédition des 19 premiers volumes est également en cours, avec de nouvelles couvertures sublimes.
Sous la pression familiale et sociale, Ryô Narushima assassine ses deux parents dans un accès de rage incontrôlé. Il est immédiatement emprisonné dans un centre de redressement pour mineurs. Le problème est qu’il est d’un naturel calme, timide, voire mauviette, et qu’il s’attire les « faveurs » des prisonniers homosexuels et musclés du centre. Après plusieurs viols, le peu d’amour propre qui lui restait disparaît ou presque… car à l’annonce d’un cours de karate, Ryô semble retrouver goût en quelque chose. Son professeur, Kenji Kurokawa, voit en lui une colère et une puissance si énorme qu’il le forme avec plus d’attention que les autres. Ryô trouve enfin un exutoire à tout ce qu’il a encaisser depuis sa naissance. Il va devenir un prodige du karate et va finir par sortir du centre de redressement. La suite est dans le titre !
Mélange de satire politi-social et d’art martiaux, Coq de combat est un uppercut sans concession qui va à l’extrême des comportements humains pour mieux en définir les limites et les motivations. Ryô Narushima représente tout ce qui va de travers dans le fonctionnement actuel de la société japonaise, et en particulier au niveau de la jeunesse. Les pressions scolaires et familiales sont en pleine ligne de mire. En effet, comment ne pas péter les plombs quand on vous demande d’être tout le temps le meilleur, de travailler 18h par jour, d’être poli, de respecter autrui, d’être en bonne santé, de rester dans le droit chemin… sinon vous n’êtes rien, vous êtes une honte pour votre pays et votre famille. Un raté, en somme. Pas étonnant que le plus haut taux de suicides des -de 25 ans soit celui du Japon. Ici, on nous dit que même si tu dérapes, il y a toujours un moment ou tout ira mieux et où les choses s’arrangeront d’une manière ou d’une autre pour toi. Bien-sûr, l’exemple de Coq de combat est extrême, mais c’est pour ça que sa portée est bien plus grande. Puis, il y a l’aspect combat qui fait de ce manga une expérience graphique unique, avec des scènes de combats dignes des meilleurs films hong-kongais. Le trait très effilé et détaillé de Tanaka donne une dimension réelle qui rajoute une couche supplémentaire au côté déjà rude du scénario.
Coq de combat est donc un récit qui ne fait pas dans la dentelle, mais qui fait preuve d’une finesse et d’un contexte maîtrisé à l’extrême.
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