Premier long métrage du cinéaste irano-suisse Kaveh Bakhtiari diplômé de l’ECAL(Ecole cantonale d’art de Lausanne ), « L’Escale » a reçu un bon accueil dans les Festivals notamment à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.
Ce documentaire à l’approche originale traite du thème de l’immigration clandestine.
Il se concentre plus particulièrement sur une situation vécue: des passeurs grassement rémunérés font croire aux migrants fuyant L’Iran qu’ils pourront aller en Norvège ou au Canada. C’est lorsque ces migrants s’aperçoivent qu’ils ont été abandonnés à l’escale d’Athènes qu’ils réalisent l’ampleur de l’arnaque.
Heureusement, dans cette ville, un compatriote, Amir, les accueille et les héberge à « La Pension », en attentant des papiers ou des personnes disposées à les faire repartir vers d’autres pays européens.
Kaveh Bakhtiari , a décidé du sujet de son film alors qu’il présentait son court-métrage « La Valise » à Athènes, justement, apprenant que son cousin, Mohsen avait fui l’Iran et avait été intercepté par les douaniers grecs.
Muni simplement de sa caméra de quelques vêtements de rechange et d’un sac de couchage, le cinéaste s’est immergé dans cet univers vivant le quotidien des clandestins. Ces personnes risquant à tout instant d’être arrêtées par la police et mises en prison, le tournage de son film pouvait donc, de même, être interrompu à chaque instant. Cinéma vérité! Donc.
La richesse du sujet à permis un traitement sensible et émouvant, Centré sur le quotidien de ce groupe de gens. On vit leurs moments de découragement, mais aussi les fous rires salvateurs et la tendresse d’un instant en compagnie d’un enfant.
Le seul reproche qu l’on pourrait formuler à l’encontre de ce film-et encore-étant qu’il ne donne pas la parole, aux policiers, autorités locales ou habitants grecs, comme l’aurait fait un documentaire au sens traditionnel du terme.
Mais là n’est pas le propos. Cela aurait donné un tout autre résultat. Vraisemblablement le caractère clandestin, même, de la démarche de Bakhtiari a imposé ce parti-pris.
Du coup le décor de la montée de la xénophobie et des mouvements d’extrême droite, auxquels vient s’ajouter la situation économique catastrophique de la Grèce reste totalement hors champ.
En tous les cas un film à voir absolument pour sa charge émotionnelle forte, son humanisme profond.
Comme ce sont plutôt les circonstances qui ont déterminé le choix du mode « documentaire », on verra si le cinéaste poursuit dans ce registre ou s’il nous propose de la fiction à l’avenir. A noter pour situer la démarche de Bakhtiari, qu’il se réclame du cinéma « social d’un Ken Loach ou des Frères Dardenne, sans oublier l’influence capitale de son compatriote Abbas Kiarostami, rencontré à l’occasion d’un workshop à l’ECAL.
Au rayon des bonus, la présentation du film à Cannes par Kaveh Bakhtiari alternant avec le témoignage d’Amir.
Quelques bandes annonces de l’éditeur Epicentre Films viennent compléter l’ensemble des bonus, ainsi qu’une galerie photo et une brève biographie du réalisateur.
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