Une femme rentre chez elle. Son mari n’est pas à la maison, il a beaucoup de travail ce soir et ne sera là que tard. Elle se résout à passer la soirée seule. Après un bain chaud, elle erre nue dans l’appartement, s’allonge sur le canapé, essaie de trouver une occupation. Elle découvre alors un projecteur et une bobine prête à l’emploi, posés sur la table du salon. Surprise, elle le met en marche et un deux corps en plein coït se reflètent sur le mur blanc. Ses doigts commencent alors à descendre vers son entre-jambes et sa tête se renverse de plaisir sur l’accoudoir du canapé. Puis, la scène se termine et une porte s’affiche. Elle s’en approche, méfiante. Elle l’ouvre et finit par franchir le pas. La voilà entrer dans le monde de ses fantasmes les plus inavoués et le voyage ne fait que commencer…
Poitrines fermes, langues charnues, nuques sensibles, cuisses offertes, tétons saillants, mains expertes, corps en sueur, chorégraphie divine… Celluloid nous emmène sans préavis dans les landes encore inexplorées du plaisir, là où la chair s’abandonne et où les sens s’enflamment. Sans texte, Celluloid fait appel à notre côté irrationnel pour distiller ses graphismes colorés, peints, montés, découpés, photographiques ou encore simplistes : un mélange juste et contrasté qui nous trimballe sans ménagement d’un univers singulier à l’autre. Rien de vraiment compréhensible ici donc, juste un pot-pourri de phantasmes sublimés à l’extrême, un voyage sans attaches dans le monde de l’érotisme et de la pornographie élevés au rang d’art.
Artiste multiformes, Dave McKean nous surprend encore une fois par sa sensibilité et ses histoires qui ne semblent connaître aucunes limites émotionnelles ou physiques. Après le splendide et novateur Cages, il pousse encore plus loin son exploration graphique et s’essaie à plusieurs techniques d’ambiances, d’atmosphères et de narrations, qui nous émerveillent à chaque séquence. S’étant déjà essayé à l’érotisme avec X-rated (histoire courte publiée dans Premières Fois), McKean se lâche complètement et apporte à la BD érotique un nouveau chef-d’œuvre qui devrait faire date par son audace et son originalité.
Mais trêve de paroles, Celluloid se regarde plus qu’il ne se lit et les images qui suivent seront sans doute plus éloquentes.
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