Remake couillu d’un film américain avec Burt Reynolds intitulé Plein la gueule (The Longest Yard), ce Carton Rouge est, pour tous les fans de football de la planète ainsi que pour les amoureux de cinéma anglais à la sauce Guy Ritchie, un plaisir qu’il ne serait pas raisonnable de renier…
Danny Meehan, ancien capitaine de l’équipe de football d’Angleterre, a connu la gloire en tous les sens du terme dans sa carrière. Mais un jour, accusé d’avoir truqué une rencontre avec l’Allemagne, toute sa vie va sombrer dans le chaos, son moral et sa fierté avec. L’alcool sera aussi là pour prendre le dessus et l’embarquer dans des bagarres qui vont le l’emmener directement en prison sans passer par le start.
Démarrant sur un spot de pub à la gloire de Meehan (enregistré sur VHS que lui-même se repasse en boucle en souvenir d’un passé galvaudé) et une arrestation plutôt comique, l’histoire se poursuit à la manière d’un film noir, dans un univers carcéral froid et violent où chacun cherche à tirer son épingle du jeu. L’ensemble étant teinté de cet humour anglais, dont eux seuls ont le secret, qui permet un plaisir continu. La musique est elle aussi pour beaucoup dans la réussite du tout et rythme de manière prenante voire enivrante certaines scènes clés de cette heure trente d’un très bon cinéma qui fait du bien à regarder. Un de ces moments du 7ème art qui vous colle une patate d’enfer et un sourire aux lèvres quasi impossible à s’en débarrasser (tant mieux !). Dopé par un humour corrosif, des situations intenses dignes d’un excellent film d’action et des personnages TRES hauts en couleurs, il sait parfaitement reprendre les bons moments qui ont fait la gloire de son grand frère tout en les réadaptant aux attentes du public du 21ème siècle ; c’est ça qu’ils veulent les jeunes !
En ce qui concerne les acteurs, on y retrouve une partie de la fine équipe des deux premiers films de l’anglais Guy Ritchie (Arnaques, crimes et botanique ainsi que Snatch) dont, dans le rôle principal, Vinnie Jones… lui-même ancienne star de football dans la vraie vie. Il s’est d’ailleurs fait une réputation de joueur le plus dangereux et dérangé de l’histoire du foot anglais (même Paul Gascogne, connu pour ses frasques, a été terrorisé par lui!), c’est dire si le bad guy devenu acteur était prédestiné à ce rôle ! A noter aussi les performances de Jason Statham, en moine psyché qui pète littéralement les plombs sous les coups de basse de Marylin Manson, et de Danny Dyer en simplet, tous deux excellents.
Fait amusant on retrouve un autre remake datant de 2005 du Longest Yard de 76 sous le même titre aux Etats-Unis (traduit Mi-temps au Mi-tard chez nous) mais avec Adam Sandler dans le first lead (premier rôle) et réalisé par Peter Segal à qui on doit les très bons Amours et Amnésie et Self contrôle. Reprenant, comme son modèle, le football américain comme moteur du film, mais dans une version nettement moins sombre que celle critiquée aujourd’hui, je ne peux néanmoins que vous le conseiller pour son côté délirant. Une bonne dose de bonheur à l’arrivée aussi !
Pour finir avec une anecdote bien sympathique, à la fin du métrage, quand Bob et Bob les commentateurs fous disent : « Guards of Pentonville, guards of Wandsworth, Walton nick in Liverpool, policemen of Britain, traffic wardens and parole officers, wheel clampers, your boys have taken a hell of a beating today! A hell of a beating! » Le speech est repris d’un speaker norvégien du nom de Bjørge Lillelien qui avait fait la une des journaux anglais quand, en 1981, la Norvège battit l’Angleterre durant les phases qualificatives du mondial 1982. Il dit à ce moment en norvégien : « We are the best in the world! We are the best in the world! We have beaten England 2-1 at football! It is totally incredible! We have beaten England! England, home of giants: Looooord Nelson, Looooord Beaverbrook, Sir Winston Churchill, Anthony Eden, Clement Attlee, Henry Cooper, Lady Diana. We have beaten them all, we have beaten them all! [In English] Maggie Thatcher, can you hear me? [In Norwegian] Maggie Thatcher, I have a message to you during the election: We have beaten England out of the World Championship in football! Maggie Thatcher, as they say in your language in the boxing-bars around Madison Square Garden: [in English] Your boys took a hell of a beating! Your boys took a hell of a beating! » Cependant, malgré la défaite, les Anglais furent qualifiés pour la phase finale de la coupe du monde contrairement aux Norvégiens!
Alors si une bonne dose de ballon rond saupoudré de pyjamas rayés et d’hommes en colère vous démange, faites une halte à ce match opposant les gardiens de la prison aux détenus qui ne sont pas là pour simuler…
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